mercredi 31 mars 2010

La renaissance et la solitude

On avance sur le sentier de la vie, bien décidé à devenir la meilleure version de soi-même. On capte les nouvelles tendances, les applique, organise notre agenda pour que tout s’articule en fonction des découvertes. Nous intégrons les aliments anticancer, les positions vertigineuses de yoga, les herbes miraculeuses, la méditation, qui nous rendront plus zen que les moines tibétains, jusqu’aux marches nordiques qui donnent l’allure d’être en répétition de sortie d’urgence organisée par les pompiers.


Et un matin, plus gris que la veille, c’est le blues, la déprime, et on laisse tomber. La rechute. Le double cappuccino prend la relève, avec le doute, parce qu’on se sent vraiment seul avec nos « patentes ». Nous sommes la risée des voisins, la coqueluche au travail, l’excentrique de la famille. En fait, c'est le syndrome du  vilain petit canard. Celui qui ne se retrouve pas parmi ses pairs, qui se compare négativement, la solitude enchevêtrée dans les entrailles. Et c’est lourd à porter.

Ce qu’il faut se dire, c’est que la transformation vient avec, en prime, la solitude . Chaque renaissance génère un deuil, car on laisse tomber une partie de soi-même qui ne nous appartenait pas, qui n’est plus nôtre. Sauf que, pour les gens de notre entourage qui nous ont connus avec cette parure, ils ne retrouvent plus de repères. Nous non plus, d’ailleurs. Comme pour l’oignon, on doit enlever les pelures « chéchées » afin de goûter un peu plus à notre essence, à notre moi authentique.


Tous ces instants de vilain petit canard sont la semence d’un nouvel espace, redéfini. Déserter cette zone de confort, « du connu », est certes exigeant. Mais combien gratifiant. Car notre route est unique. Chaque choix de sentier apportera son lot d’expériences, et fera de nous un être exceptionnel. Alors, pourquoi ne pas développer la bienveillance envers soi-même et l’Autre? C’est la meilleure compagne de voyage, peu importe la destination. Et, comme disait ma grand-mère, l’important est d’aller au paradis. Là, il n’y a pas de compétition, de performance, de faux-fuyants. Là, on ne peut qu’être soi-même. Là, on apprend que la différence est née avec la vie.

Pour tous les canards, les pingouins et chatons roux, sachez que vous êtes adorables, que vous avez votre place dans la palette colorée de la vie. Persévérez dans votre quête d’unicité. Chantez et dansez votre différence! C’est le prix de la renaissance.

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