jeudi 18 mars 2010

La vie n'est pas un long fleuve tranquille

J'ai été élevée dans un petit village au bord du fleuve, à Deschaillons-sur-St-Laurent, dans le comté de Lotbinière.  Au bout de ma cour, un sentier escarpé nous permettait  d'aller se prélasser tout l'été sur la grève de sable et de s'y baigner. En face de ma maison, les vaches de Monsieur Rheault pâturaient en toute quiétude, et nous recevions sur notre balcon notre lait chaque matin. Je vous jure que ce n'était pas le temps des dinosaures.


J'espérais depuis belle lurette des retrouvailles dans mon patelin, prendre le temps d'être là, seule avec mes parents, pour discuter, plonger dans de vieux albums de photos,  me promener dans le village et les sentiers aménagés de la forêt.

Je suis donc partie hier matin, le soleil dans les voiles, un vent de liberté dans la maternité. En arrivant à Deschaillons, j'ai appris que mon fils venait d'avoir un accident de ski, qu'il était transporté à la clinique pour les examens et  les soins appropriés. Les secouristes ne se prononçaient pas encore sur la gravité de la situation. Alors j'ai joué la zen, confiante que mes enfants étaient immunisés.
Deux heures plus tard, j'ai appris qu'il avait une double fracture au bras, du radius et cubitus, avec chevauchement et nerf coincé. On devait se rendre à l'hôpital Ste-Justine en urgence.

Mon coeur de mère, aussi élastique soit-il, se vide de tout son sang lorsqu'un de mes protégés est en danger. J'aurais fait n'importe quoi pour être téléportée de trois heures de route, où les pensées les plus pessimismes se chamaillent avec les rassurantes. J'aurais tant voulu lui substituer sa douleur et la transcender. L'impuissance nous grisaille les entrailles, à un point tel qu'il faut même se rappeler de respirer.

La vie est remplie de couleurs. La grisaille des murs hospitaliers en est la preuve. Le personnel en est l'arc-en-ciel. Des anges qui iront droit au Ciel, me disais-je cette nuit. Ils ont pris soin avec toute l'expertise souhaitée, la gentillesse et le dévouement sans égal, un moral de béton en prime.
Encore sous les vapeurs des gaz hilarants, nous sommes revenus à la maison soulagés de douleur et épuisés comme la nuit.
Nous avons rendez-vous demain, vendredi, afin de s'assurer que les os ont été assez disciplinés pour garder leur place, rénovés, question d'éviter l'opération avec des tiges.

Je sais que vos bienveillantes pensées à son égard contribueront à faciliter cette traversée, et je vous en suis reconnaissante au centuple.
La vie n'est pas un long fleuve tranquille. Elle est fougueuse, vivante et surprenante. Remplie de couleurs. Et ne peut que nous faire grandir.

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