lundi 15 mars 2010

TOUTMOI.com

Je m’étais bien juré, durant la traversée de la maladie, que plus jamais je ne serais aussi exigeante envers moi-même et les autres. Ce poison insidieux s’immisce dans nos veines jusqu’à perdre le plaisir de vivre les choses, laisse place à l’angoisse, la culpabilité, au sentiment d’échec chronique, et ce, en faisant même la vaisselle. Je m’étais bien juré, lorsque je me suis donné la permission de réaliser ce projet d’écriture, de le vivre dans le plaisir, la conscience du processus, les retrouvailles cognitives, dans la joie de trouver la forme convenable pour reprendre un horaire de travail, avec l’intention de toucher le cœur des gens avec ma passion d’écrire.


Il a fallu deux petites erreurs dans un texte (en modifiant une phrase à la dernière minute) pour que tout bascule. La remise en question, le doute, le stress ont pris le devant de la scène et fait baisser le rideau. Je pensais abandonner le projet. Baignée dans cette atmosphère pendant tout le week-end, j’ai constaté l’ironie de la situation. Je perdais tout en réagissant de la sorte. J’y détournais ma passion, mon réveil joyeux à l’idée de raconter des histoires, mon contact précieux avec mes lectrices et lecteurs. Je dépouillais aussi la forme idéale trouvée pour apprivoiser le récit, l’humour et la vie de famille, je quittais le contact avec les personnages qui m’habitent et ne demandent qu’à prendre vie, si je leur offre du temps et l'espace requis.

Je m’étais bien juré que je n’accorderais plus d’importance aux banalités, aux petits ratés humains, que je serais désormais bienveillante au regard de l’apprentissage. Le plus spectaculaire, c’est que lorsqu’on pénètre dans cette zone dangereuse, tout devient brouillard, rien ne convient : la coupe de cheveux, la pointure du jeans, le teint, la couleur du salon. Pour être certain de sombrer dans le ridicule, on cesse de choisir les gestes qui nous encouragent, qui sont, dans mon cas, la marche, la méditation et les premiers balbutiements de yoga.

Je m’étais pourtant juré de focaliser l’essentiel, les priorités, l’objectif, la quête de paix et de bonheur. Promis de mettre d’abord mes gros cailloux dans le pot avant le sable et l’eau. Mais puisque chaque jour est le premier pas d’un avenir meilleur, il est toujours temps. Je m’invente donc une reprise, à TOUTMOI.com.

1 commentaire:

  1. Ah, cette exigeance... et ces erreurs qui font de nous des êtres humains et non des dieux... À bien y penser, je ne crois pas que les gens aimeraient nécessairement plus avoir affaire avec "Sainte Jasmine"... un peu trop intimidant... et peu accessible!
    Et parlant d'être humain, n'est-ce quand même pas stupéfiant qu'on ait ce pouvoir de transformer complètement notre environnement (et nous-mêmes) et n'en voir que les défauts et les travers, juste en changeant de mode de pensée? Et encore PLUS MERVEILLEUX, cette capacité inverse de pouvoir trouver un magnifique arc-en-ciel dans notre obscurité? Mais cette dernière capacité est plus difficile à mettre en application... même pour les ergos!

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