mardi 28 février 2012

Un garde-manger pour toute éventualité

Supposons une alerte météo.

Supposons des dossiers et travaux en attente. Supposons une liste de « to do » qui s’affiche sur l’écran avec le culot de s’allonger comme un espresso trop corsé. Supposons qu’il neige des flocons géométriquement parfaits au moment où l’on rêve d’une cure printanière.  Imaginons qu’on tousse et mouche en crachant qu’on a pu de jus

L’idée de ralentir la cadence, de s’offrir plus de sommeil et de superaliments,  de s’emmitoufler avec un bon livre, de se dépouiller de fausses obligations, supposons que l’idée, dis-je, semble givrée dans notre cerveau en manque d’antioxydants et d’oméga 3.

Le cas d’une tempête. Neige, verglas, pluie diluvienne. Un weekend. Sans obligations à l’extérieur.

Avec un garde-manger paré à toute éventualité, libre à nous de se réjouir de demeurer chez soi avec la permission de lire, siester devant un feu de cheminée, cuisiner des pains et muffins, faire un montage de photos, peu importe ce qui nous anime, nous avons de quoi manger et festoyer.



« Avez-vous remarqué qu’à table, les mets que l’on vous sert
vous mettent les mots à la bouche? »

Raymond Devos (humoriste français, 1922-2006)



Un garde-manger à faire rougir la cuisine : les essentiels

  • Riz (brun, rouge, sauvage, tigré, arborio, au jasmin, etc.), quinoa, millet
  •  Légumineuses sèches et en conserve: lentilles rouges, vertes et brunes, haricots blancs, pois chiches, fèves noires, rouges, mélangées,
  •   Craquelins, galettes de riz, de quinoa, pain de fleurs
  • Conserves de thon pâle, sardines, maquereaux
  •  Huile d’olive, de canola, de coco et vinaigre de cidre de pommes bio, vinaigre de riz
  • Pâtes alimentaires de riz, de maïs, de sarrasin, de quinoa, etc.
  • Coulis de tomates, conserves de tomates en morceaux
  •  Épices, fines herbes séchées et fraîches : thym, romarin, persil, coriandre, basilic, marjolaine, gingembre, cannelle, garam masala; cari et curcuma; sel rose, fleur de sel, mélange de poivres en grain
  • Bouillon de légumes ou de poulet
  • Farine de riz, de tapioca, de sarrasin, de quinoa (avec levure sèche et gomme de xanthane, vous pourrez cuisiner pains, galettes, crêpes et muffins pour tous en un tournemain)
  • Olives noires ou vertes, artichauts, cœurs de palmier
  •  Noix de Grenoble, amandes, noisettes, pignons (au réfrigérateur), noix de coco non sucrée bio
  • Sirop d’agave, poudre d’agave, stévia, sucre brut, sirop d’érable
  • Chocolat de qualité
  • Beurre d’amandes, de noisettes, confitures de fruits sans sucre ajouté
  • Thé vert, blanc, tisane (camomille, menthe, verveine, etc.)
  •  Lait végétal de riz, d’amandes, de millet, de coco, de soya( se conserve au garde-manger jusqu'à l’ouverture)
  •  Légumes et fruits : certains se conservent plus longtemps, ce sont nos valeurs sûres. Patates douces, carottes, épinards, brocoli, chou-fleur, bok-choy, oignons, céleri, ail, courgettes, courges (spaghetti, butternut ou autre), kale, bette à cardes, avocats, etc. Pour les fruits, bananes, pommes, poires. Les petits fruits sont de secours lorsque congelés.
  • Au congélateur : petits fruits, filets de poisson, poitrine de poulet ou dinde bio.
  • Vin rouge pour célébrer !

 Nous sommes disposés à affronter n’importe quelle intempérie! 

lundi 20 février 2012

Bette en vedette


Car, vous l'avez bien compris, la cuisine est affaire de coeur autant que de métier.  Michel Guérard (chef cuisinier français, né en 1933) 

J’entends souvent la difficulté à composer des menus, à inviter à la table plus de diversités, à s’extirper de la routine – du pâté chinois hebdomadaire — qui ne fait plus vibrer les papilles. En cuisine, comme dans tout art, l’imagination et la créativité sont nos alliées. La simplicité, quant à elle,  est notre bénédiction.
La bette à cardes est un légume délaissé qui a des atouts plein sa branche. Elle détient moins d'amertume que les épinards, et développe en bouche un léger goût de noisette en plus de nous gaver de nutriments. Le summum, elle ne coûte presque rien. Pourquoi ne pas en profiter?
Voici une soupe qui vous redonnera une mine printanière et qui se prépare en un rien de temps.
Ingrédients :

Huile d’olive
1 gros oignon
1 botte de bettes à cardes
1 pomme coupée en morceaux (sans la pelure)
1 conserve de haricots blancs cannellini (ou autre) (rincés et égouttés)
1 litre de bouillon de légumes, ou poulet, ou eau
1 c. soupe de beurre de sésame
Sel rose
Filet d’huile de noix ou de crème de riz pour servir (facultatif)

Préparation :

Faites sauter l’oignon émincé dans l’huile d’olive. Pendant ce temps, bien laver les feuilles de bettes à cardes et les couper en lanières. Les joindre aux oignons devenus translucides. Ajoutez le bouillon et les morceaux de pommes. Cuire environ 10 minutes. Mettre les haricots dans le chaudron et continuer la cuisson quelques minutes.
Au mélangeur, déposez le beurre de sésame et insérez la préparation, jusqu’à l'onctuosité désirée.
Au moment de servir,  posez votre signature sur cette chatoyante verdure avec un filet d’huile de noix ou de crème de riz.



mardi 14 février 2012

Mon bouquet de Saint-Valentin

Au piano rose, un ange en espadrille.

Une voix cristalline telle une bouffée de fraîcheur.

Je sais, je vous l'ai présenté hier, mais je craque encore.




Et comment résister à cette déclaration? On l'adopte...



(via Dominic Arpin)

lundi 13 février 2012

Mon coup de coeur

Je suis conquise.

Un vrai de vrai coup de coeur.

Unique en son genre, tapie discrètement dans ses recoins talentueux, une découverte digne d'un cadeau.

J'ai plaisir à prendre de l'avance avec les ficelles de l'amour. Chose certaine, je n'oublierai pas son nom. Elle fait partie de la fête.


vendredi 10 février 2012

Petits papiers en garde partagée



Pourquoi écrire? Tant de questions, de tergiversations, d’épineuses discussions, et si peu de réponses claires. Devant ce flou, j’ai déposé mon encre sur la première page d’un cahier rouge Claire Fontaine, mon journal d’écriture. La vocation de ce carnet est d’absorber le libre jeu de la pensée, d’être le lieu pour « processer », pour acheminer les jalons d’histoires sur la plage de la création, et surtout pour représenter l’allié chevronné affrontant le dragon qui s’immisce dans le cerveau et brûle les doigts en touchant le clavier à certaines époques charnières.

Au moment de passer à l’action, la force de capitulation bat son plein. Elle percute de plein fouet tous les gestes qui permettent la poursuite de l’objectif. Car l’ombre de l’inconnu est opaque et terrifiante.

C’est donc en relisant mon manuscrit, tout enflammé du projet 2012, en suivant à la lettre la planification orchestrée et bien ficelée, que mes Billets gourmands ont failli, à un paragraphe près, rejoindre les bûches embrasées dans le foyer. Comme sur une table de jeu, rien ne va plus, a dit la voix du croupier conspirateur de l’abdication. Je devais ressembler à Robinsonne sur l’île du rêve échoué.

Mon amie R. s’est amenée subito presto pour casser la croûte et aussi le dessein de destruction massive du document. « Un peu de distance, un certain recul est crucial, qu’elle m’a dit entre deux gorgées de capuccino. Il faut de l’air, du temps et de l’espace pour que la forme s’amène ». C’est là plus que jamais que j’ai compris que production et création ne sont pas membres de la même famille. La capacité de tolérer le chaos, le désordre, le vide, l’impasse, fait partie des ingrédients que j’avais omis de mon menu, trop centré sur l’efficacité.

La muse est repartie avec mes papiers enlacés et enrubannés, comme une trêve proposée à un parent après une fête d’enfants, devant la maison déclarée zone sinistrée, le sol jonché de débris de jouets, de flûtes et d’extraits de gâteaux, telles des empreintes sauvegardées comme preuve qu'on ne s'y reprendra plus jamais.


Mon manuscrit est en garde partagée. Je me consacre à d’autres mots, pour quelques jours ou semaines,  jusqu’à ce que je sois en mesure de le recevoir avec un esprit renouvelé et plus expansif aux aléas de la vie commune. Merci mon amie pour cette bouffée d’air frais.

Djoma Djumabaeva, huile sur toile, 2000


lundi 6 février 2012

Vider son sac


En lisant Annie Ernaux, L’atelier noir, je saisis la résonance complexe et ombrée de la création, littéraire dans son cas. Un livre entièrement consacré au processus créateur. Incubation, exaltation, déroute, doute, solitude, vertige, adaptation, initiation, indication, abandon, vérité intime, exposition.

L’analogie s’impose avec l’art de voyager: préparation, effervescence, jubilation, traversée, constellation de découvertes, parfois décevantes ou embrasées, c’est selon, et, la plupart du temps, l’inévitable retour. Défaire sa valise. 

Les objets, une fois désemplis de rêveries, ne sont désormais que porteurs de souvenirs. L’essentiel est emmagasiné en soi, cacheté dans un espace sacré, et saura se déployer dans un moment crépusculaire de notre existence. Il a pénétré le tissu de notre avenir. On a vidé notre sac et rempli notre cerveau d’images et de sensations inédites. Il faudra réorganiser le tout et autoriser un nouveau cycle.

Voyager, c’est se projeter vers l’extérieur, au départ, mais c’est aussi accepter un plongeon à l’intérieur, lors du retour, au pays des impressions englouties, à l’abri des bruits du monde. Et être confronté à notre propre vacarme, ou à la page blanche. À moins de se réfugier quelques instants chez les grands maîtres, histoire d'amortir le choc.

 Le Libraire