mercredi 17 février 2010

L'oeil de la tornade

J'ai une infection à l'oeil, probablement une conjonctivite, qui me fait ressembler à un pirate new age ou à une grenouille en deuil du côté gauche. Question d'harmonie, ou de faire diversion, je porte un chandail rouge et des boucles d'oreilles en forme de pommes.

Je dois aller chez le médecin -encore- afin de guérir cette chose. Je dis encore, car je suis allée aussi hier, avec mon fils, celui qui a perdu mon Word et est allé en ski la semaine dernière. Il est revenu, vert pâle de manque de sommeil, épuisé d'avoir été actif tous les jours, ce qui perturbe nécessairement un corps adapté à la chaise de l'ordinateur.

Il était congestionné, toussait à s'érailler la voix muante, s'était blessé au dos en faisant une chute. Welcome!
En arrivant à la maison, il s'est propulsé vers son ordi, content de rentrer au bercail, et de bouffer des plats maison.  Il a déposé la planche couverte de neige, sa valise, les vêtements mouillés, le sac de couchage et son sac à dos. Il ne pouvait rien me raconter, ou presque, car il aurait à reprendre le récit au souper avec le reste de la famille, ce qui serait exaspérant.

Devant cette avalanche, conjugué aux autres obligations qui tombaient ce jour-là, je me suis sentie dans une tornade. Tant de choses à faire, à régler, à gérer, à planifier, à orchestrer. Ironiquement, tout me paraît une montagne. Ma Vie, l'Himalaya.
Et la semaine de relâche qui vient à grands pas...

Je crois que ces moments-là existent pour nous rappeler que ce n'est pas la destination qui compte, mais bien la route. Que rien n'est certain. Que si l'on ne profite pas des beaux petits moments, tant pis. Que la vie n'est pas garantie -sinon j'aurais pris une garantie prolongée sur mon body-. Elle nous rappelle que nous sommes fragiles. Une bactérie, une bévue informatique, un crash financier, et tout "l'avenir planifié" s'écroule. Paradoxalement, c'est ce qui fait sa puissance, c'est la richesse d'être sur Terre.
Il n'y a pas de sécurité extérieure.

Aujourd'hui, donc, je vais avoir la chance de lire -dans la salle d'attente de la clinique- et de rencontrer un soignant. Et je vais aller marcher. Je vais être bienveillante envers moi-même et profiter quelques instants du printemps offert. C'est ma seule garantie.

1 commentaire:

  1. Merci pour cette remise en perspective face à toutes ces montagnes qu'on rencontre... Wow!

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