lundi 8 février 2010

Forfait de famille de février

Ce matin, je vais reconduire mon fils à l'école pour un départ d'une semaine en ski. Il est inscrit dans ce magnifique programme de ski-études. Nous ne sommes pas trop de deux parents pour gérer les derniers préparatifs, l'excitation, la fébrilité, et tenter de transmettre, en vain, quelques atouts d'organisation. On a beau les vouloir autonomes, nous sommes au front avec nos systèmes de protection, notre "encadrement" qui ressemble plus à ... faire à sa place, question d'être certains qu'il ne manquera de rien.

Dans le branle-bas de combat, il rouspète qu'il est hors de question de mettre sa tuque et ses bottes d'hiver, puisqu'il s'en va en autobus, et que ce n'est pas cool. Effectivement, je trouve cela plus cool d'être en baskets à -20 degrés, alors que j'ai des bottes conçues et éprouvées par des explorateurs du Grand Nord, et que j'ai FROID! Toujours dans les dédales du départ,  il y a des vêtements qui n'ont plus de place dans la valise. Il n'a pas assez déjeuné. Ses cheveux sont encore trempés, parce que, évidemment, il vient à peine de sortir de la douche. Il n'a pas le temps de ranger sa chambre avant de quitter, mais il est en contact avec ses amis sur MSN, à savoir où se retrouver  pour être dans le même autobus. Yo!
A-t-il un  lunch suffisamment nourrissant pour le dîner? A-t-il pris ses vitamines?

Je respire. Je soupire. La porte de la maison est grande ouverte, on gèle, puisqu'il dépose ses bagages dans la voiture. Il s'installe confortablement sur la banquette, choisissant son poste de radio, si on peut appeler ce bruit de fond, de la musique. Nous, on finit de se préparer, de ranger, sortons les poubelles, petit lundi. En revêtant nos manteaux, on pile dans une flaque d'eau. C'est que l'ado a passé par là, oubliant de se secouer les pieds-raquettes. Le père hausse le ton, lui fait des signes de fumée (code amérindien) pour qu'il vienne réparer le dégât. Quelques grognements plus tard, nous quittons le champ de bataille.

Lorsque je suis arrivé à l'endroit indiqué pour le départ des élèves, j'ai voulu l'aider à porter ses bagages. Honte suprême. Hors de question. J'étais pourtant disposée à pénétrer cette jungle de jeunes comblés de leurs hormones. Ils étaient à la fois dans un état festif  et désorganisé, chargé à bloc de planches à neige, sacs à dos, valises. Tous en baskets. Mon fils m'a fait promettre de demeurer dans la voiture. J'ai regardé d'un air hébété cette scène d'une autre dimension. J'ai eu une pensée admirative pour les enseignantes et enseignants qui consacreront la semaine entière, de jour comme de nuit, avec ces petits trésors. Ils iront droit au paradis, j'en suis persuadée.



Malgré le fait que l'adolescence est une période ténébreuse, un rien nous fait oublier certaines scènes quotidiennes grognonnes. On sait que la lumière est toujours sur le point  de nous écairer. La force est présente.

Je lui ai souhaité une magnifique semaine. Il m'a regardé droit dans les yeux, m'a souri, m'a dit Je t'aime maman. Toi aussi, belle semaine. T'auras moins à te soucier des légumes que je mange et du temps que je passe à l'ordi. D'un éclat de rire, il est parti rejoindre ses amis, ce qu'il y a de plus précieux à cet âge.

C'est là que j'ai pris une photo en cachette. Les yeux humides.
Pour son retour, vendredi, je lui préparerai des pâtes, sa recette préférée.

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