vendredi 1 octobre 2010

Le pouvoir de rentrer chez-soi

 Je me demande souvent, comme la plupart d’entre nous, de quelle façon contribuer à un monde meilleur. Vous et moi avons cette perception que le pouvoir appartient aux dirigeants, et ce, dans toutes les zones de gestion, et cette vision me questionne. Je sens, au fond de moi, que chaque être humain participe à se construire un lopin de terre de bonheur. Je ne connais personne qui se lève le matin en souhaitant être malheureux, aigri, en planifiant sciemment la destruction de son environnement. Si certains gestes en donnent l’impression, c’est que les auteurs sont mobilisés à réparer leur histoire, douloureuse s’entend.

Je parcours actuellement le récent ouvrage publié de Matthieu Ricard, Petite anthologie des plus beaux textes tibétains (Éd. du NiL). Dans une entrevue radiophonique avec Isabelle Maréchal, il déclarait ironiquement que la lecture de ses écrits ancestraux était plus efficace que l’ingestion d’un somnifère, aménageant un territoire nocturne paisible. Désolée de contredire ce moine bouddhiste que je vénère, mais dans mon cas, ce livre m’a plutôt éveillée dans tous les sens du terme. Confrontée à tant de beauté et de réflexion sur la vraie richesse de la vie, et constater qu’on a troqué cette sagesse pour une vision de consommation et de guerre de pouvoir, a provoqué un déficit de sommeil.

Je m’interrogais, aux petites heures du jour gorgées de pluie, à savoir comment avions-nous basculé en si peu de temps. Évidemment, je n’ai pas d’éloquentes réponses, mais plutôt des questions sur la façon de me réapproprier une place d'humain qui respecte « l’évolution ». Et là, une citation de Mère Teresa me cloue le bec.
« Que pouvez-vous faire pour promouvoir la paix dans le monde? Rentrer chez vous et aimer votre famille! »
Une solution abordable, organique, qui réclame toutefois de faire le deuil de certaines images de performance et de réussite. Car l’amour n’est pas coté à la Bourse. C’est un investissement dans l’ombre, avec des choix quotidiens qui exigent parfois le retrait d’une vie sociale plus flamboyante. Ça implique aussi de dépoussiérer mes croyances d’invincibilité et d’ubiquité qui sournoisement, m'a fait présumer qu’on peut être partout à la fois et tout faire, alors qu’on n’EST nulle part.

Ce week-end, je vais tomber dans les courges, joues empourprées comme les feuilles d’automne, et je m’amuserai à des jeux de société avec les enfants. J’en profiterai jusqu’à satiété, avec un bon verre de rouge, pendant que la maison nous embaumera de ses effluves de pot-au-feu. On festoiera sur le thème des cordes de bois livrées en allumant un feu de foyer, geste qui sera renouvelé lorsque l’hiver viendra, parce qu’on adore nous réchauffer l’âme. Il apparaîtra, à coup sûr, puisque tel est l’ordre de la nature. Et vivre avec les saisons, c’est aussi être partie prenante du rythme intrinsèque de la vie. Vivement rentrer chez soi!

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