lundi 18 octobre 2010

Du Chili et des mines

Mine de rien, des milliers de travailleurs sont engouffrés dans les mines un peu partout sur la planète. L’événement tragique du Chili, que nous avons observé de notre canapé, les yeux mouillés, aura cette moindre compensation, celle de s’interroger sur les conditions de sécurité arbitraires accolées au métier de ces personnes.

Mine de rien, je suis profondément liée au peuple chilien. Juste à les regarder, je les aime. Du genre à souhaiter devenir amis. Peut-être que je dis cela à chaque endroit envoûtant que j’explore. Mais dans le cas du Chili, c’est pour y avoir débarqué et les avoir fréquentés un tout petit peu, avec la cordillère des Andes comme fond d’écran. Des souvenirs me reviennent: lors de sessions d’études à l’Université de Santiago où nous grelottions malgré toutes les pelures de vêtements possibles en espérant les pauses pour s’approvisionner de café fumant et le partager en dessous du chauffe-pièce, un seul pour toute la bâtisse. Aussi, au moment des randonnées en montagnes avec des guides charmants et hospitaliers, comme je n’ai jamais connu ailleurs. Ils arborent un sourire inimitable, empreint de bonté, de soleil et de mystère. Comme l’Île de Pâques. Le souper est pris vers 22 h, et leurs tapas de 18 h, accompagnés de Merlot, vous fixent l'ambiance chilienne au cœur à tout jamais.

Mine de rien, la remontée dans la nacelle de chaque mineur vers la lumière, est une démonstration éloquente du paradis. Revoir le jour – en retrouvant les siens - et être vivant. Une leçon de bonheur sur terre en images. Remonter d’une maladie ou d’un cancer. Remonter d’une dépression, d’un échec, d’un deuil. C’est ça le paradis. La joie d’être en vie, tout simplement et lucidement.

« C’est pour ça que le drame de ces 33 hommes nous a tant touchés. Nous sommes tous des mineurs chiliens. Nous avons tous une mine en nous qui nous enferme. Souvent, c’est la maladie ou un accident qui nous a bouché le ciel. Ça peut être aussi la pauvreté, l’angoisse, l’ennui, une blessure d’enfance, une errance, tous ces tunnels sans lumière. (…) La nacelle des Chiliens nous a tous remontés. Nous a sorti de nos drames, durant un court moment. L’instant de réaliser que le bonheur, ce n’est pas d’être au ciel, c’est plutôt, tout simplement, de pouvoir le voir. » Stéphane Laporte, La Presse, 16 octobre 2010
Mine de rien, je retiens la parole du Dr Philippe Sauthier, chirurgien-oncologue au CHUM, qui traite des cancers gynécologiques à longueur de journée. Ses propos sont tirés de la dernière chronique de la série portant sur le cancer, enquête menée par le journaliste Patrick Lagacé, dans la Presse du 16 octobre.
« Si vous voulez faire quelque chose, faites-le. Maintenant. On ne sait jamais ce qui arrivera demain. S’il y a un truc que j’ai appris en faisant ce métier, c’est ceci : la notion d’urgence de la vie. »
Mine de rien, mais avec toute la ferveur d’être ici, je vais ouvrir une bouteille de rouge, du Chili, et préparer un chili con carne. J’aime la vie et le Chili!

1 commentaire:

  1. Quel beau texte pour mettre un baume sur cette triste histoire!!! Merci de m'avoir rappelé de beaux moments au Chili...

    Chantalxxx

    RépondreSupprimer