vendredi 8 octobre 2010

Un bouquet de films bleu pervenche (1)

Blanche, ma grand-mère du côté maternel, était une de ses artistes dont le vocable même était hors de question. Ces femmes avaient comme mission, désirée ou imposée, la « fabrication » d’une famille, façon tribale. Née en 1897 et mariée en 1917, la notion du devoir était de mise et choisir de s’affranchir de cet endoctrinement religieux était quasi impossible. De plus, les artistes étaient perçus comme des êtres diaboliques. Cachez donc les pinceaux, les toiles, les histoires ou les soieries qui serviraient à créer!


Cette génération a tissé notre pays avec la fibre de leurs rêves et habiletés inassouvis. De jour, Blanche se consacrait aux travaux de la ferme, les repas, la lessive et les grossesses. Elle a eu douze enfants. De nuit, elle composait des robes à partir de retailles ou de manteaux délaissés, tout comme son talent qui ne pouvait s’immiscer entre les tâches.

Ma mère me raconte que Blanche pouvait admirer une vitrine pendant quelques minutes, et le jour tombé, dessiner cette pièce de vêtement à main levée, pour ensuite tailler et coudre jusqu’au petit matin. Le chef d’œuvre annonçait le lever du soleil en même temps que le chant du coq. Était venue l'heure d’aller traire les vaches et nourrir la tablée avec ce qui était disponible.

La couleur préférée de Blanche était bleu pervenche. J’adore aussi ce pigment élevant l'âme, entre ciel et mer, entre fleur et étoile. Pour toutes ces femmes qui n’ont pu prendre leur envol talentueux, comme mon autre grand-mère Anna qui rêvait d'écrire, je propose un bouquet de films de personnages inspirants.


Un bouquet de films bleu pervenche, première partie, en hommage à celles qui nous ont précédées et qui ont débroussaillé les sentiers en friche les plus denses.


I ère partie
Les plages d'Agnès, de Agnès Varda
Ombre au soleil, v.f. de Shadows in the sun, réalisé par Brad Mirman
La tête en friche, de Jean Becker, tiré du livre de Marie-Sabine Roger
Lettres à Juliette, de Gary Winick
Miss Potter, de Chris Nooman
Le petit monde d'Élourdes, du regretté Marcel Simard, diffusé à canal Vie, Productions Virages 2010
Gabrielle Roy, de Léa Pool (2006)
Ce que mes yeux ont vu, de Laurent de Partila
 Les possibles sont infinis, Antonine Maillet
Moi, Van Gogh, de François Bertrand
Casablanca (1942)
The shop around the corner (1940)

1 commentaire:

  1. je suis très heureuse que tu soulignes la vie de ces femmes qui nous ont précédé et qui, dans l'ombre, ont été solides,impliquées, discrètes et créatrices. Elles sont extraordinaires. Ma grand-mère Alice était de cette trempe, avec ses 16 enfants nés à la maison, son équilibre dans la vie, son extraordinaire autonomie. je lui dois beaucoup.Isabelle

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