jeudi 7 octobre 2010

Ne touchez pas à mon patelin!

Je me rappelle soudainement pour quelles raisons je m’étais désabonnée de la Presse. Je reçois ce journal en cadeau ce matin, ou en promotion, devrais-je dire, tel un bouquet de nouvelles tout aussi attristantes que révoltantes. Tout ça en avalant du pain aux bananes sans gluten et du thé « sencha akai » bio. Avouez que ça détonne!


J’apprends que des pourparlers sont en cours pour l’installation de pipelines (pour les gaz de schiste) qui traverseraient les champs de Saint-Édouard-de-Lotbinière, mais qu'au fond, c'est déjà décidé, Gaz Métro passera ses tuyaux. À l’unanimité, les citoyens de Saint-Pierre-les-Becquets, eux, se sont opposés à ce projet. Et qu’ont à voir ces deux petits villages dans ma tourmente, un morceau de miche pris au piège dans ma gorge? Ce sont les campagnes voisines de Deschaillons-sur-Saint-Laurent. De késé? J’ai grandi là, mes parents aussi et ils y ont encore pignon sur rue, entre les vaches et la côte qui descend au fleuve. Dans un recoin de mon cerveau, il peut survenir des tas de tragédies, on doit toujours avoir un plan de secours, un bunker contre les folies humanitaires, un refuge naturel parrainé, et moi, Deschaillons, c'est mon patelin qui repose en paix dans ma trousse de survie.


Lorsque j’y retourne, dans mon cœur naïf d’enfant, je suis protégée de la contamination, des champs d’ondes électromagnétiques, des catastrophes, des lacs où l’on cultive l’élevage du saumon avec de la moulée modifiée génétiquement à laquelle on a ajouté des pesticides, ayant comme résultat des cadavres flottants envahis par les poux de mer.

Lorsque j’y reviens, je désire marcher dans la forêt sans qu’elle soit corrompue par les gaz polluants. J’espère de tout cœur que les tomates de St-Pierre soient cuirassées des risques inhérents aux découvertes encore invalidées. Je ne veux pas de machineries lourdes qui usurperont le paysage et saccageront nos territoires agricoles. En étendant ses ramifications dans des coins tranquilles, les décideurs se croient loin des regards des médias et envahissent un espace sacré, les terres qui nous nourrissent.

Avec votre aura magnétique qui nous ferait faire n’importe quoi, monsieur Caillé, demandez-nous, yeux dans les yeux, malgré votre repos forcé, de contribuer à des fondations de recherche contre le cancer. Avec le taux de personnes atteintes, qu’on attribue en partie à des causes environnementales, on propose désormais à l’Office de la langue française d’y admettre un verbe. Je cancère, tu cancères, nous cancérons. Mon logiciel correcteur voit rouge, évidemment. Moi aussi.

Ne touchez pas à mon patelin!

2 commentaires:

  1. Nous ne souhaitons pas cancérer ! Que faire contre ces grosses machines ??? Je crois que je vois rouge aussi, c'est révoltant!
    Bon... une méditation là-dessus, l'énergie humaine est puissante.

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  2. Un billet très touchant sur un petit village très cher à mon coeur aussi (St-Pierre, village natal de ma mère et où nous allons chaque année). Puissions-nous trouver un jour des sources d'énergie qui ne détruiront pas notre planète... Et en attendant, j'espère que nos voix seront assez fortes pour assurer la protection et la santé de nos proches...

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