lundi 11 octobre 2010

Happy Thanksgiving!

Je me suis réveillée avec la bénédiction que procure un soleil étincelant. Vivement que ce fût le congé bien mérité de l’Action de grâce, et que l'occasion me permette de souhaiter à tous ceux que je croise: « Happy Thanksgiving! ». Monsieur Bois vient finalement se délivrer de deux petites cordes qui s’envoleront au fil de la saison froide. Des saisons frisquettes, devrais-je dire, puisque l’automne a repris ses droits et exige des multicouches de vêtements qui me hérissent le caractère. Déjà, l’ours en moi commence son hibernation. Le frimas au sol me donne le goût de caserner dans une bibliothèque digne de celle d’Harvard, devant un feu, jusqu’au moment où les outardes reviennent à grands cris.


J’ai décimé l’offre de corder le bois et l’ai retournée aux bras masculins, me sauvant comme si je devais régler un achat impulsif qui nous expulse de la maison et oblige de regagner l’endroit du crime. J’ai préféré aller à la campagne pour nous goinfrer de victuailles truffées de couleurs : citrouilles, courges, potirons, variétés de pommes de terre m’accueilleraient à Saint-Esprit. J’en profiterais pour amarrer Aux Volailles d’Angèle, pour m’approvisionner de poulet et pintade biologiques issus de leur élevage.


Lorsque les enfants étaient plus petits, c’était LE rituel de ce long week-end d’octobre. J’ai des photos d’eux au marché de campagne qui ne veulent plus quitter l’enclos à lapins, brebis, chèvres, coq et porcelets, leur offrant nos provisions, pour grimper par la suite sur des bottes de foin, qu’évidemment je me procurais pour enjoliver le devant de la chaumière.

Le set up d’Halloween de rêve! Au menu, se gorger de citrouilles,   choisir ensuite les déguisements et les décorations. Tout ce branle-bas à nettoyer et ranger si peu de temps après. En guise de souvenances, des brindilles de foin éparses dans l’auto et des papillotes de bonbons qui se faufilaient un peu partout dans le territoire familial, ce qui a le pouvoir de transformer les enfants en monstres — nous de même). Une fois la fête terminée, je retournais au bureau le lendemain de l’événement, verdâtre et épuisée, prenant une grande respiration pour me préparer aux prochaines activités festives, les anniversaires à thème avec les amis, et l’apothéose, Noël.

Quelques années plus tard, non seulement ils n’ont plus de souvenirs, mais ils ne sont ABSOLUMENT pas intéressés, d’aucune manière, à venir en voyage au pays de l’automne, dans le village de Saint-Esprit. Heureusement, il n’y a plus de négociations ni de requêtes de friandises. On festoie avec les potages de citrouille, les biscuits à la citrouille, les tartes à la citrouille, et la compote à la chose. Cela procure un plus joli teint, version bêta-carotène, et limite la transformation de la façade de maison, version amish.


Qu’à cela ne tienne, j’irais toute seule, avec tout le temps que je voudrais bien m’allouer à remplir mon carrosse de cucurbitacées, appareil photo en main. En fait, il faut savoir prendre le large, étirer le cordon. Une rupture essentielle à l’évolution, nous apprend Suzanne Jacob, lors d’une entrevue pour Le Devoir, au sujet de son dernier livre, Un dé en bois de chêne. « Pour rendre le changement possible pour la famille, pour la communauté, qui forme un système qui, comme au théâtre, veut qu’on garde notre rôle, il faut partir, quitter la constellation ».

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