jeudi 14 octobre 2010

Faire simple, en ménopause?

Déjà que j'ai un talent inné pour le questionnement, le doute, que je me bats régulièrement avec Madame-parfaite-sous-toutes-les-facettes, imaginez l'effet en période envoûtée par les hormones.
Alors, pourquoi faire plus simple, quand on est en ménopause?


Une amie m’a prêté le livre de Francine Ruel, Maudit que le bonheur coûte cher. J’étais planquée à la maison, attendant (encore) le technicien de ma compagnie de service câblé, entreprise que j’avais contactée en haussant le ton et décrétant l’état d’urgence. J’étais à cran, déjà, avant que toutes les opérations normales d’une maison se mettent à disjoncter: je n’avais ni service téléphonique, non plus l’Internet, le lave-vaisselle qui ne s'arrête plus, un meuble à retourner au magasin, et j’en passe. Imaginez l’état des ados, sans branchement! Ils croyaient à l'apocalypse de 2012.

Puisque les membres des tribus de livraison et de réparation ne peuvent absolument pas nous signifier l’heure approximative de leur débarquement, je me suis donc calmé le pompon avec la lecture. Seule au salon, j’espère sans caméra, j’ai croulé de rire. Olivia, en pleine ménopause, est saisie par un tsunami de larmes à cause justement d’un électroménager qui ne fonctionne pas, pique une crise à un ami qui ne dit pas ce qu’elle aurait besoin d’entendre, ne comprend plus rien à sa vie. À retenir: l’autodérision a des vertus. Il y a une scène qui décrit sa rencontre avec son gynécologue. Cet exposé des états d’âme issu d’une tornade hormonale est digne de mention. Histoire de soulager les femmes aux prises avec ce démon intérieur, une copie devrait être affichée dans les salles d’attente des médecins.

« J’ai le thermostat déréglé à vingt sous zéro. Je passe du chaud au froid en quelques secondes. Ma vie est un calvaire, ma vie est un sauna. Je ne me comprends plus. Je suis agressive, et je pleure pour un rien. Je ris aussi pour un rien. Je suis tout le temps fatiguée. Je n’ai le goût de rien. Le matin, je me lève tellement dépressive que je mettrais fin à mes jours. En fin de matinée, je suis prête à trucider un passant, en début d’après-midi, je suis abattue et convaincue que la vie ne vaut pas la peine d’être vécue. En début de soirée, ne vous arrangez pas pour me marcher sur les pieds parce que je ne réponds pas de moi, avant de me coucher, je tombe en pleine neurasthénie et je succombe à un doute terrible. Je me demande sérieusement si je dois me suicider en premier ou égorger la terre entière d’abord. Et le pire, le pire dans tout ça, c’est que j’ai une fille en moi que je ne connais pas, que je ne veux pas connaître. Elle tombe sur les nerfs de tous mes amis, de tous mes collègues, de tout mon entourage. Si ça continue, je vais me trouver seule en compagnie de cette folle. J’aimerais que vous fassiez disparaître cette fille. Un moment elle est paranoïaque, l’instant d’après elle est possédée, un peu plus tard elle est névrosée, et pour finir elle est complètement schizo. Je n’en peux plus. Même moi, elle m’énerve. Elle m’épuise, elle va me rendre complètement folle, si ce n’est pas déjà fait.

Je terminai ainsi mon monologue. Et je me rendis compte qu’en sa qualité de médecin il avait le droit de m’enfermer illico. Camisole de force et pièce capitonnée. Antidépresseur et douches glacées.

- Je vois.

- Vraiment?

- Je crois que vous êtes en ménopause. »
Me voilà informée sur l’influence possible des hormones, façon caricaturale bien sûr. Mais ça relativise les perceptions d’échecs, du « rien ne fonctionne », du « ça ne réussira jamais » , surtout lorsque la sensation varie d’une heure à l’autre, d’une journée à l’autre. Soyons bienveillantes envers nous-mêmes. La vie trouve toujours son cours. 

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