mercredi 15 septembre 2010

Du soutien des amis

Je crois que j’ai assez vécu assez longtemps pour me permettre d’abriter des contradictions énigmatiques — c’est Elisabeth Gilbert qui me l’autorise dans Mes alliances—. D’une journée à l’autre, l’état émotif et créatif est digne des variations de la Bourse. Ce matin, il me semble que tout chute, qu’il s’agisse des idées, de la forme, de l’optimisme ou de la foi. Hier encore, j’avais de la difficulté à gérer TOUTES les possibilités, à un point tel qu’il m’aurait fallu les quantifier dans un programme Excel. Mais là, la route est jonchée d’énigmes. Par où commencer? Cette idée de récit est saugrenue, ridicule, irréalisable et, de toute façon, personne ne s’y intéressera.

J’ai une propension au mélodrame dans ce type de circonstance. J’ai laissé la place au démon du perfectionnisme, le frère du doute. Je cherche donc des excuses pour ne pas m’attabler à mon écran : si j’écoutais Glenn Gould joue Bach, ou encore Petite messe solennelle de Rossini, tout reviendrait dans l’ordre. Évidemment, je ne détiens pas ces compilations, et à moins de bondieuseries, mon amie Édith ne se téléportera pas de Saint-Bruno pour venir à mon secours. De toute façon, elle m’éjecterait de mon catalogue d’angoisse et me dirait qu’il y a des jours comme celui-ci, et que c’est cela le cycle de la créativité, des saisons creuses et des saisons d’opulence.

« Depuis le début des temps, les femmes avancent. Elles s’ajustent, elles s’adaptent, elles glissent, elles acceptent. Leur malléabilité les rend puissantes, elle leur confère presque un pouvoir surhumain ». E. Gilbert

Autre excuse, des douleurs voraces au dos me concèdent une énergie d’automne, qui me donnent l’envie de retourner au lit plutôt que de travailler. Si j’appelais une amie, Sylvie, elle me dirait d’aller doucement prendre une marche; Mireille, elle, m’inciterait au repos; avec Ginette, on discuterait jusqu’à dénicher la peur qui se cache derrière tout ça; Richard et Benoît, quant à eux, m’inviteraient à dîner et à déguster un thé, tout ce qu’il y a de plus pragmatique et structurant (résiste jusqu’à midi ma belle, on arrive!). France, bien sûr, me rappellerait que le processus est en marche car JE SUIS à mon ordi à écrire! Avec Renée, notre échange viendrait à bout de n’importe quel blocage. Mon amoureux, inconditionnel partisan, m’inciterait à m’amuser, puisque j’ai l’éternité devant moi.
La notion de soutien est ce qu’il y a de plus précieux au monde. Toute réussite est tributaire de soutien, qu’il s’agisse de la famille ou d’amis qui sont là, juste au moment où la confiance vacille, lors de la traversée. Ce sont nos complices. Ils nourrissent notre talent et croient en nous. Ils sont généreux, car jamais ils ne vont diminuer le rêve d’autrui. Ils sont tenaces et présument de la méthode essai/erreur, ils sont loyaux et ont de la vision. Ils estiment le processus. Pour eux, cite Julia Cameron, un roman rejeté par les éditeurs « est simplement en attente de croiser la bonne personne » et ils nous ramènent à l’ordre en disant : « vois tout ce que tu as accompli ».

Nous avons la responsabilité de choisir nos amis, car ils sont un hectare de diamants dans notre cour.

Don't misunderstand me, écrite par Sari Dajani

3 commentaires:

  1. Alors, je veux bien discuter, mais avec un bon verre de rouge en main et... pourquoi pas un plat de pasta par la suite! J'aime te lire ma belle amie.

    Ginette

    RépondreSupprimer
  2. magnifique texte...finalement le doute a du bon. Il nous pousse un peu loin dans l'exploration
    Moi j'ai enfin réussi à devenir membre de ton blog! Et oui je suis plutot poche mais persévérante. Ma chère Jasmine tu écris sublimement bien!

    RépondreSupprimer
  3. Ce que je trouve encore plus passionnant dans le concept du soutien, c'est que parfois, on n'a pas besoin qu'il se concrétise vraiment pour nous faire du bien... Juste à penser à ce que l'un ou l'autre nous dirait, juste à imaginer le gros calin qu'on recevrait, hop! on se sent déjà mieux...

    Très beau texte, merci!

    RépondreSupprimer