mardi 14 septembre 2010

École et écologie

Dès que les enfants déposent un premier pied hésitant à la garderie ou à l’école, ils reviennent systématiquement traumatisés par le temps qui leur reste… Je ne parle pas des années d’instruction à subir, quoique certains acquiesceraient, mais plutôt de la panique transmise par rapport au sort de la planète. À noter que je suis tout à fait pour la sensibilisation écologique, la prise de conscience des gestes que nous posons, du fait que nous sommes fragiles et que notre planète a des limites. Je trouve tout cela important, voire primordial, mais c’est comme si la cible était mal choisie, ou le moment, ou la façon, c’est selon.

Mon questionnement est dû au fait qu’on leur parle d’écologie et d’environnement qu’intellectuellement et qu’en matière de désastre, de danger. Je me rappelle les grands yeux bleus de mon fils, au retour de la maternelle, me demandant quand nous allions mourir, car on risquait d’exploser d’un instant à l’autre.

Pour avoir œuvré dans le monde de l’éducation pendant environ vingt-cinq ans, je témoigne du fait qu’il était tout à fait loufoque de prévoir une sortie en forêt, dans la nature non « organisée », pédagogiquement parlant. On pouvait aller au Biodôme, à l’Aquarium, mais pas aller faire une simple promenade dans le bois. On aime la structure et le spectaculaire.


L’article de Jean Paré, École : le déficit environnemental, décrit parfaitement l’état de la situation dans la revue de planification stratégique de l’université de Sherbrooke. « Pour protéger ce qui nous reste de la nature, il faut l’aimer; pour l’aimer, il faut la connaître. Or comment le bambin d’aujourd’hui, promis dès le jardin d’enfants et pour une vingtaine d’années aux murs des institutions, souvent sans fenêtres, aux cours de récréation pavées et cernées de clôtures de métal et aux écrans cathodiques, pourrait-il connaître la nature? Les sorties pédagogiques? Elles sont à la cabane à sucre ou à la station de ski. Aujourd’hui, à six ans, on sait tout sur les pingouins, mais on n’a jamais été surpris par une perdrix. On mange de l’oméga-3, mais on n’a jamais goûté une truite fraîche qui glisse entre les doigts. On a vu la Biosphère, les agoutis et le capibara, même le T-Rex. Mais la nature est absente. Le showbiz l’occulte. »

Notre rapport à l'environnement est statistique. On nous rapporte des recherches annonçant le pourcentage de glaciers qui fondent, des donnnées actuarielles sur le réchauffement de la planète, les espèces en voie de disparition, les reportages choc qui nous bouleversent sur l'écran mais qui sont loin de notre cour. Dans la vie concrète, mes enfants quittent la maison ce matin pour une école presque sans fenêtres, et ont visionné, grâce à ma persuation, Le peuple migrateur, mais ne connaissent rien des cinq milliards d'oiseaux de la grande forêt canadienne, qui sont pour la plupart des oiseaux tropicaux en visite de migration. Mes enfants s'intéressent aux îles tropicales elles-mêmes et à l'airbus qui survolera dans le ciel pour s'y rendent.  Tout ça est typique de leur génératon à la pensée magique. Toutefois, je me préserve de sombrer dans le jugement de leur conscience environnementale.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire