vendredi 16 avril 2010

Qui sommes-nous face aux droits d'auteur?

Ce matin, c’est gris, tristounet et frisquet. Je n’arrive pas à me centrer sur mes tâches d’écriture, embourbée dans une planif étourdissante et entourée d’ados musicaux. Je gère le drame d’un ordi qui a rendu l’âme, et étale un ruban jaune autour du mien, car il est en extrême demande. « Que peut-on faire sans ordinateur »? me dit-il. Je pompe l’air et deviens rouge comme une pivoine. À moins que ce soit une « chaleur » qui s’immisce dans cette journée pédagogique. Voilà un fragment des joies du travail à la maison.


Toutefois, il y a des injustices qui m’habitent bien au-delà d’une carte vidéo qui s’éteint, avec des grognements en accompagnement. Je pense à l’affaire Claude Robinson. David contre Goliath. L’auteur s’est fait littéralement démunir de son œuvre, son dessin animé Les aventures de Robinson Curiosité a été malhonnêtement plagié par la compagnie Cinar . Monsieur Robinson, pour sauver son âme, a risqué de tout perdre : son temps, son argent, son énergie. « Ce n'était pas juste une création. J'avais dessiné mon visage (Robinson Curiosité) et ils ont copié cela. C'était une partie de moi-même », a dit le créateur de 58 ans.



Pour gagner son procès, Claude Robinson a mené une enquête monstre et vécu 14 ans de tractations juridiques et une longue dépression. Le procès a nécessité 40 témoins, 20 765 pages de documents, 23 interrogatoires préalables, 53 heures de visionnage d'épisodes et un voyage du tribunal québécois en France.

Avec une trahison comme celle-là, on n’en sort jamais indemne. Il a perdu non seulement son histoire, ses personnages, mais sa fibre créatrice. Et ça, aucun montant d’argent, aussi exorbitant soit-il, ne pourra compenser cette perte.

La saga dure depuis plusieurs années, les procédures ont commencé en 1995. L’auteur s’est battu contre vents et marées. En 2009, Cinar a été condamnée à lui verser 5,2 millions de dollars. Nous étions émus, soulagés, remplis d’espoir au regard de la justice.

Au moment où l’on se parle, il devrait avoir en poche ce qu’il lui revient. Mais les coupables portent le jugement en appel. Pour lui venir en aide, question de survie, des amis ont mis sur pied une fondation. Une réflexion sociale est à mener concernant les droits d’auteur : la journée du 23 avril est donc devenue la journée mondiale du livre et du droit d’auteur.

La suite nous révélera la couleur de la justice. Pour suivre le dossier, faire un don ou encourager l'auteur dans sa persévérance, espérant qu'il se remettre à créer, un site Web a été mis sur pied cette semaine:

Déjà, je ne pouvais supporter la perfection exécrable de la mère de Caillou, lorsque mes enfants étaient petits, mais là, vraiment, je suis devenue allergique à la série Cinar.

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