mardi 27 avril 2010

Le bonheur peut être fabriqué. Vraiment?

Dans cette série sur le bonheur, je suis considérablement motivée à tout mettre en pratique, (Ce sont les conditions internes qui sont garantes du bonheur, a-t-on appris hier, avec Matthieu Ricard) adoptant l’idée bienveillante que tout changement se traduit par un « work in progress ». Jusqu’à ce que je me lève ce matin, sidérée, et enregistre dans mon cerveau la blancheur du décor. Je flairais une vue brouillée. Eh non, il s’agissait de la neige couvrant mes fleurs et mes arbustes, fiers d’être aussi vaillants, blêmes de stupeur.


J’ai atterri, pris un petit déjeuner copieux, question de me remettre du choc, en me remémorant le dîner d’hier, sur la terrasse d’un café; j’admirais la nature effervescente de l’Île des Moulins, ses bernaches, ses canards, ses ados en shorts et tee-shirts. Un air estival de rosé sur les tables, je me questionnais sur la meilleure cure anticellulite à exécuter à toute vapeur, étant donné la jupe à nos trousses. Avouons, dans une pratique incroyable d’aptitude au bonheur, que cette météo nous donne du temps…

En entrant dans la voiture, après l’avoir déneigée (!?!), j’ai constaté que nous avions oublié de fermer le toit ouvrant en revenant du fameux lunch. Sièges immaculés de blanc. Là, ma foi vacille. Je suis parsemée de scènes de soleil, d’eau turquoise et de maillots de bain, d’effluves de crème solaire. J'ai les fesses mouillées et je reçois des gouttelettes d'eau du plafond. Même le majestueux magnolia en fleurs de la rue St-Louis s’avère décontenancé.

Puisqu’il me reste du temps avant mon rendez-vous, je me précipite sous le jet bouillant de la douche, j’écoute Pink Martini à fond la caisse et me prépare un thé vert des grands jours. Et j’écris. Là, à cet instant, je retrouve mon épicentre. La journée sera belle. L’occasion m'est proposée de lire Invisible, de Paul Auster, pendant l’attente chez le médecin. Chaque geste sera unique, chaque respiration vivante. J’accueillerai mes amours pour le souper, et je leur concocterai des filets de truite au cari et gingembre, sur un nid de riz au jasmin, de tomates cerise, accompagnés d’un chutney d’oignons et de mangues. Je récidiverai la cérémonie du thé, même s’il existe un risque de perturber mon sommeil, car la vie est courte, et je ne veux rien manquer. Surtout pas le transfert des vêtements d'hiver dans l'autre garde-robe.

Oui, certaines situations sont préférables. Il est normal d’avoir des préférences pour un type d’avenir plutôt qu’un autre. Mais lorsque ces préférences nous tiraillent trop fort et trop vite, et que nous surestimons la différence des résultats de nos choix, nous sommes en danger. Lorsque notre ambition est maîtrisée, elle nous mène à la joie. (…) Nos désirs et nos inquiétudes sont souvent démesurés, car nous possédons la faculté de fabriquer précisément le bonheur que nous recherchons.
Dan Gilbert, Ph.D en psychologie, professeur à Harvard.

Vous pouvez sélectionner le sous-titre en français

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire