mercredi 7 avril 2010

Les meilleures intentions sont trempées

Il tombe des cordes et le tonnerre rugi. Il fait sombre comme la nuit. Les meilleures intentions, entérinées récemment, sont complètement trempées. Du côté sec de la fenêtre, cette température nous invite au recueillement, à finaliser des dossiers, à prioriser les tâches et à distinguer les fausses urgences des vraies. Ce sera donc une excuse motivée pour ne pas aller marcher.


Du côté sec de la fenêtre, je perçois l’agitation extérieure des passants avec plus d’acuité, depuis que je suis inscrite dans le processus « Douze mois pour rentrer chez soi ». Il suffit toutefois de l’expérimenter un tantinet pour s’apercevoir qu’au premier rebondissement de nos repères - métro-boulot-dodo -, la fuite est à nos trousses. Ce serait tellement plus simple de persister dans la routine, le connu, et s’enliser dans la croyance sociale - au fond, ce n’est pas si pire et tout le monde vit comme ça, il ne me reste que quinze ans avant ma retraite – que de se confronter aux exigences du projet de vie redéfini, tant espéré. Dans cet espace, absolument inconnu, c’est le brouillard. Certaines journées sont sous le signe du tonnerre et de la flotte. L’arbre n’a pas eu le temps de déployer ses nouvelles racines, et nous sommes fragilisés par les vents de la peur et de l’inconfort. Peu importe le séisme que provoque notre âme qui veut s’affranchir, la nature, dans sa nature, régit ses mouvements de flux et de reflux. Il y aura à nouveau l’accalmie, la tempérance, un brin de soleil qui permettront la poursuite de notre quête.

Déjà, en conscientisant ce mouvement, il est plus facile de tolérer que notre route soit éclairée qu’à 300 mètres. C’est l’analogie de Jack Canfield qui me revient. « Lorsque vous quittez Chicago, en voiture, la nuit, pour vous rendre en Californie, avez-vous réellement besoin que la route soit illuminée d’un bout à l’autre, jusqu’à Santa Barbara? La route doit être éclairée à 300 mètres devant vous, avec un plan indiquant la destination. Faites confiance. La route est balisée ». Cela est rassurant de savoir que d’autres personnes ont jalonné des territoires nouveaux avant nous, en trouvant des points d’ancrage à certaines étapes. Bien sûr, nous les rencontrons une fois que le trajet est accompli, mais, si nous le leur demandons, nous découvrirons qu’ils ont, eux aussi, traversé le brouillard, la flotte et le tonnerre.

Comme c’est intéressant comme signe de la vie... À peine le temps consacré à l’écriture de ce billet, qui, déjà, est un outil puissant pour affronter les tempêtes, la nature s’est calmée. C’est devenu gris pâle, avec un reflet presque bleu mousseux. J’infuserai de mon meilleur thé vert pour savourer cette lilliputienne traversée du matin. Les tâches de la journée semblent moins oppressantes. L’avenir est moins omniprésent. Je serai donc moins bougonneuse en reconduisant les filles au Centre Bell, ce soir, devant les attendre dans un boui-boui toute la soirée. Qui sait, ce sera peut-être agréable d’avoir un temps juste à moi, pour lire, écrire, marcher (sous la flotte?). Le plus important, c’est de se dire que quoi qu’il arrive, tout passe. Même si la traversée est périlleuse sous le signe des éclats de la nature, certaines petites accalmies nous guident vers la poursuite de notre route.

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