jeudi 29 juillet 2010

Des 100 jours et de la pub

Cent jours se sont écoulés, hier, depuis l’explosion de la plate-forme exploitée par BP au large de la Louisiane, qui a provoqué la pire marée noire de l’histoire des États-Unis. La militante écologiste Enid Sisskin a tenté à maintes reprises d’alerter l’opinion publique sur les dangers du forage pétrolier en haute mer, sans écho. Cette alerte a dû être qualifiée de simple inquiétude féminine, une fois de plus.

Tony Hayward, le patron du géant pétrolier britannique, a donné sa démission. Lui a-t-on dit que son air de désolation n’est absolument pas crédible?
Le langage non verbal crie qu’il s’agit d’un coup publicitaire, et qu’il fera un saut en avant dans quelque temps, notre mémoire de la tempête noire endormie.

De 397 à 715 millions de litres de pétrole se seraient déversé dans la mer entre l’explosion de la plate-forme Deepwater Horizon le 20 avril, et la pose de « l’entonnoir » sur la fuite, le 15 juillet. Quelque 1027 km de côtes ont été souillées. Des « boulettes » de pétrole poussées par des vents alimentés par l’ouragan Alex, ont été récoltées sur les plages du Mississipi. Plus de 2000 plages du golfe sont désormais à risque en matière de santé, fermées.

Le groupe pétrolier BP et les victimes de la marée noire se retrouveront pour la première fois devant la justice, aujourd’hui, à Boise, en Idaho, pour ce qu’on pourrait présumer être l’un des procès de la décennie. Du haut de leur 32, 2 milliards de dollars de profit, la compagnie aura de quoi rencontrer les frais judiciaires.

La planète, quant à elle, n’a pas les mêmes recours. Le pire dans tout ça, c’est que nous sommes tributaires de la publicité. Tout est pub. Notre cerveau demeure enclin – et dressé - à emmagasiner la beauté annoncée. Pensez à Maple Leaf. On a cru à la faillite suite au scandale de la listériose. La compagnie revient en force, à coup de pub « santé ». La mère, (bien sûr), nage dans la béate sécurité en offrant un sandwich au jambon Maple Leaf, Au naturel.

Un autre exemple. Francky Vincent, artiste de la Guadeloupe, a écrit et composé une chanson intitulée Tu veux. Aucun décollage. Niet. Jusqu’à ce que cette création soit rachetée par Universal Music France et devienne Tu veux mon zizi. Cette chanson coquine devient un « tabac ». Deux millions de ventes et de visionnement sur youtube. C’est ça, la pub.

On parie. Tony Hayward reviendra dans quelques années sauver la planète avec une voiture – ou tout autre véhicule non identifié — qui fonctionnera avec du pétrole tout neuf, au naturel, et nous aurons soudainement la conscience tranquille d’être aux premières loges du banc d’essai.

Tout est pub.

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