vendredi 18 juin 2010

Fête des pères

Une maison où la chaleur nous enveloppe, un feu qui crépite dans la cheminée, des effluves de pot-au-feu qui nous font saliver : ça brille, c’est beau, ça sent bon, c'est dotée d’une présence absolue, un style porte ouverte. Voilà la description de la demeure familiale où j’ai grandi. Un lieu où on conserve la certitude d’être accueilli, nourri, abrité, en sécurité. Dans cette maison ancestrale, il y a toujours une place de choix, car mes parents possèdent un cœur élastique, trésor qu’ils ont inventé bien avant le lycra. « Assurer un toit confortable » pourrait titrer leur doctorat honorifique.


Ils recueillent les chats et chiens errants, les soignent, les remettent sur pied. De cette éducation, petite fille, je construisais un refuge pour les libellules, les têtards, les papillons et oiseaux. Une chèvre a déjà partagé notre gazon dans la cour, avec vue sur fleuve, décor bucolique rehaussé d’un royaume pour notre colley Lassie et ses douze chiots. Tout ça en écoutant Luis Mariano. Comment décrire mieux l’ambiance!


Mon père affectionne particulièrement les animaux, les grands espaces, et notre visite au bercail. Il prépare religieusement du bon café, quoique maintenant un pouce vers le thé, depuis mon virage vert. Il aime viscéralement la « cuisine » : j’ai hérité de ce goût pour cette pièce, tel un code de rassemblement. Moi, comme chef cuisiniète, lui, pour déguster ce qui vient d’être apprêté. Surtout si c’est sucré. Un bec sucré, comme le répète maman, sourire aux lèvres. L’opération diminution du bedon doit s’apparenter à une vraie torture pour ses papilles, ce qui nous amuse allègrement, puisqu’aucune attirance pour les glucides, en ce qui me concerne.

Papa, arborant les gallons de capitaine de navire pendant des décennies, c’est ironiquement lors d’une croisière en paquebot que se déroulera cette année la fête des Pères, pendant que tu seras moelleusement installé sur la terre ferme, ton territoire précieux de campagne. Je ferai un clin d’œil au commandant, en ton honneur.

Je dégusterai un cappuccino, pour toi, à l’instant où les enfants se vautreront dans les tablées de desserts, sans que je rechigne. Pour ta personnalité caramélisée et bien nantie, protectrice, dotée de l’humour que l’on connaît. Merci pour avoir créé un milieu nourricier favorisant la mutation du têtard en grenouille, et plus tard en princesse.

Bonne fête des pères, mon papa!

Ta princesse Jaja et ses moussaillons


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