jeudi 10 juin 2010

Les ficelles du maillot féminin

Nous respirons à fond dans les préparatifs de voyage, à travers les examens, les rendez-vous, les dates de tombée au niveau du travail. À la fois grisant et étourdissant. Comme écouter Maria Callas.


Prévoir des kits pour voyager léger composés de vêtements multi-usages, indexer notre empreinte écologique que laisse l’avion, envisager une nounou pour le chat et les plantes; planifier des repas pour éviter le gaspillage ou les sprints au resto les jours précédant le départ; concevoir une trousse de survie pour quatre personnes et s’assurer que la limite de poids permise pour les bagages est respectée, ce qui nécessite un douloureux choix pour les livres. Autre supplice, la gestion des maillots de bain. Les gars en possèdent deux, et ces derniers tiennent la route depuis des siècles. Quant à nous, les filles, il s’agit d’une histoire répétitive annuelle, tel un CD usé piégé dans un sillon.

Nous sommes donc partis en expédition à la chasse au bikini, ayant déniché une vente d’entrepôt. Il faisait gris dehors, gris en dedans. Des néons à aveugler des yeux de lynx, du béton mur à mur. Une file d’attente comme initiation. J’étais déjà en nage. Libérée de la foule en délire, excitée par le concept des aubaines, mais qui achète trois fois plus, nous avons eu droit à une cabine d’essayage de un mètre carré, décoré d’un petit rideau conçu avec des épingles à linge, à peu près la grandeur d’un « coupon » attrapé en courant un marathon dans un magasin de tissus. Le lilliputien miroir, qui permet en général d’apprécier l’étendue des dégâts, exigeait que l’on quitte la tanière pour s’exhiber devant notre accompagnatrice, et, par surcroît, le rassemblement en délire dans la file d’attente. De toute beauté. Si la grandeur ne convenait pas, devinez, il fallait recommencer l’exploit à partir de l’arche de Noé. Les économies exigent toujours un prix. Dieu soit loué, dotée d’un radar intégré concernant mon « body », je suis sortie avec deux maillots de bain. Ma fille a poursuivi l’aventure ailleurs, et le père est désormais équipé de vêtements d’été inspirants pour le voyage.

Le dossier des deux-pièces réglé, coché, j’ai déniché une nouvelle source d’angoisse, inspirée par le concept de l’entrepôt. Les toilettes. Une de mes hantises dans la vie, mit à part traverser le tunnel d’un « car wash », c’est pourchasser cet endroit béni, au moment d’une urgence. La seule pensée du voyage, coin perdu, exotisme, autres mœurs, inévitablement, amènent les besoins essentiels à « vivre autrement ». Cette image évoque pour moi cette quête, anxiogène full max. Leçon numéro 1, glisser des Immodium dans la trousse d’hygiène.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire