vendredi 15 janvier 2010

Maman, ta "Bescherelle" est tellement bonne...



Un de mes fils, celui qui a fait du ménage dans mon ordinateur, joue et transforme les mots depuis qu'il est petit. A deux ans, à quatre ans, à six ans, c'est normal, les enfants s'y adonnent pour notre plus grand sourire issu des factures de notre dentiste. Mais en vieillissant, les mots et les phrases forment de plus en plus un discours étoffé, avec un vocabulaire explicite(excluant toutefois la période de l'adolescence). Mon fils, lui, poursuit sa création de mots, en intervertissant syllabes, ou sons, ou en faisant des liens qui nous amusent.


Au petit déjeuner, je cherchais frénétiquement dans mes livres de rééééécettes ce que je concocterais pour le souper. Comme toutes les mères détraquées au regard du Guide alimentaire canadien, s'adonner aux contorsions du Cirque du soleil afin de faire bouffer des légumes, des protéines, (et faire semblant qu'il ne reste plus de brioches bourrées de sucre), est une activité quotidienne. Tri quotidienne. Il m'a alors regardé du haut de ses grands yeux bleus, et m'a déclaré solennellement: "Maman, ta Bescherelle est tellement bonne avec des nouiiiiiiiiiiiiilles". Il a fallu quelques secondes à mon cerveau pour mettre en fonction mon logiciel de traduction.

-Veux-tu dire, une sauce béchamel???

-Ah, oui, c'est ça.

Le syndrome de la béchamel consiste à camoufler ce que l'ado répugne à ingérer, c'est-à-dire ce qui contribue à nourrir son excroissance. Tout ce qui vient du règne marin, tout ce qui est vert, ce qui exige un couteau et une fourchette, et d'emblée ce qui contient des vitamines et minéraux. L'idée même de nous voir planifier un repas semble les stresser. Comme s'il y avait un risque d'offusquer le rituel démoniaque de la farine blanche, dénaturée, qui se conserve un siècle dans l'armoire. J'entends déjà des voix - même d'ordre diététique- m'assurer qu'il y a beaucoup de fibres dans le pain Smart!!! Je ne saurais nommer les cent vingt-trois produits de conservation contenus dans cette chose -qu'on appelle pain-, mais je vous assure que j'ai des chances d'expirer avant lui. C'est peu dire!


Alors, j'ai mis dans le lecteur un CD de Nat King Cole. (J'aurais voulu faire comme Julia et mettre un collier de perles, mais je n'en possède pas. Je me suis dit, que, de toute façon, je ressemble plus à Josée Di Stasio, mes amis le disent). J'ai haché poireaux, échalotes et ail. À mon huile d'olive- ma religion- le les ai honorés. J'ai ajouté du cari, du sel rose et un mélange de trois poivres moulus. Ensuite, la farine de riz, le lait et mon bouillon de poulet bio. Fait cuire le saumon sous le charme du Garam Masala, qui viendra s'épandre ultérieurement dans la Bescherelle. Il ne reste qu'à faire cuire des pâtes de maïs. En accompagnement, et c'est non négociable, des haricots verts...

Et demain, tout recommencera. Ça s'appelle un forfait de famille.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire