jeudi 21 janvier 2010

En voyage chez mon dentiste

J'ai rendez-vous chez mon dentiste aujourd'hui. C'est rarement le genre de rendez-vous qu'on espère, mais plutôt celui qu'on anticipe, même chez le meilleur des dentistes. Et j'ai, évidemment, LE meilleur. Au-delà de sa vertigineuse compétence, sa voix hypnotique fait des miracles pour la détente. Je vous épargne les détails, mais pour tout dire, je suis "dentistophobe". Le bruit machiavélique de la turbine me hérisse les poils, me donne la chair de poule, j'ai des sueurs froides, et lorsque je deviens verte, on me supplie de respirer.

On a essayé la musicothérapie avec des comédies musicales à tue-tête dans mon MP3, expérimenté Mozart -qui a quand même fait ses preuves- , du rock, jusqu'à sélectionner en boucle Georgia, de Billie Holiday. Même Michael Bublé n'est venu à bout de cette irrationnelle tension. J'ai testé l'effet des granules homéopathiques pour contrer les chocs, la visualisation en huit étapes d'une plage de sable blanc, la doudou pour m'épargner  l'hypothermie. Malgré ce cocktail de solutions, j'avais des spasmes dans le dos pendant les jours suivants. Rien, rien de rien, n'avait fonctionné. Jusqu'à ce que MON dentiste y aille de sa griffe. La griffe Guy Duquet.

Il m'a proposé d'associer le bruit de la turbine à un autre "son" que j'adore, celui d'un avion qui met son moteur en marche, et surtout, le grondement guttural de sa puissance maximale qui nous fait décoller du sol. Là, c'est le nirvana. À cet instant précis, malgré le nombre de fois où j'ai pris l'avion, je remercie le ciel - et mes parents- d'être née à mon époque. Nous sommes donc avec cette association turbine-avion-évasion-découverte-bonheur avec un grand B.


Et nous avons joué le jeu de A à Z. Il m'a fait choisir ma destination, Cayo Largo, petite île paradisiaque au sud de Cuba. J'ai déposé mes bagages dans le casier au-dessus de mon siège, attaché ma ceinture. Les moteurs se sont mis en marche. J'écoutais Louis Armstrong, What a wonderful world, pendant qu'on me servait un bon verre de rouge. (Nous avons créé la compagnie aérienne à notre image, tout de même!)
Le pilote me parlait de l'altitude, du confort luxueux de ce nouveau modèle d'avion, de la température à venir, de la volupté de l'eau turquoise - nous avons installé une piscine d'eau de mer dans la cabine- qui éclaboussait délicatement mon visage.

J'étais littéralement ailleurs que sur la chaise. Miraculeusement, mes symtômes sont demeurés au sol. Le temps a filé, et la besogne artistiquement achevée, j'ai  finalement ri en discutant de la prochaine destination. Puisque trois rendez-vous sont prévus en janvier, cela me permet de revoir ma carte de voyages rêvés.

Aujourd'hui, j'embarquerai sur le vol $$$192 à destination des Îles Canaries. Je réserve l'île Maurice, Bora Bora ou les îles Galapagos pour une intervention plus longue. Je navigue donc sur le Web afin d'être envoûtée du lieu et   préparer mes bagages en conséquence... Il est à noter que les brosses à dents sont fournies.

J'apporterai l'essentiel:  Les piliers de la terre, de Ken Follet,  Le cerche littéraire des amateurs d'éplucheurs de patates, de Shaffer&Barrows et, La bibliothèque, la nuit, de Alberto Manguel. J'oubliais. Il me faut absolument un polar pour le temps du vol. Donna Leon sera parfaite: Le prix de la chair et Mort en terre étrangère. Pour l'aller et le retour.
Je sais, j'exagère un peu, mais je ne peux partir en voyage sans la hantise de manquer de bouquins. Ce serait comme manquer d'air. En plus, il n'y a pas de surtaxe pour le poids dans cette compagnie.

De toute façon, je songe même à devenir actionnaire de la compagnie. Bon vol!

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