mardi 1 février 2011

Les replis d'une bibliothèque

Le vide, après le chaos rétabli. Je ne veux pas insinuer que le changement est nécessairement de l’ordre du combat, mais disons qu’il remplit tout l’espace et gobe l’énergie des créateurs de la transformation. Une fois la nouveauté réalisée, un moment de contemplation nous submerge. Vient subséquemment le soupir de soulagement et de satisfaction devant le dernier ordre. Ensuite s’étale le vide.


Les amis « castors bricoleurs » ayant déserté la maison, je me retrouve seule avec l’inédite atmosphère. Comme si je n’étais pas tout à fait chez moi, je tourne le regard vers la zone non touchée — celle qui nous supplie de lui refaire une beauté — pour être bien certaine de me reconnaître. C’est fou ce qu’on trouve nos repères dans le connu. Ma bibliothèque, fraîchement rangée, semble m’inviter à y retourner pour insuffler de la vie là-dedans. Les auteurs, attendant patiemment d’être mis à l’agenda, ont cru un instant que je plongerais une nouvelle fois dans leur univers, ou, pour ceux qui espèrent être lus, qu’enfin je leur consacrerais le temps nécessaire à une fabuleuse rencontre. Cruellement, ils ont subi le classement générique, par concept et ensuite par stature, pour reprendre une place cordée et dépoussiérée. J’ai tout de même pris conscience de la richesse d’une bibliothèque. De jour comme de nuit, elle veille sur les songes et les peurs, fait le pied de grue dans la pièce où on l’a plantée. Des milliers de récits, de personnages et de réflexions, constamment à notre portée. Certaines histoires sont de passage, d’autres nous font la leçon, nous éclairent sur la route à suivre, nous répondent par le reflet de notre vie.

J’ai donc signalé aux œuvres et à leurs auteurs, par le truchement d’un reclassement – livres non lus sur une tablette en vedette —, que je les visiterais et les chérirais bientôt. Comment tolérer que cette vie fourmillante soit fourbue et retenue dans le bois de l’oubli. Et pour rendre hommage à l’intemporalité de l’art et de la littérature, et pour les habitants des pays où l’on doit se battre pour avoir le droit d’exister, je relirai Le quatuor d’Alexandrie, de Lawrence Durrell. Pour immortaliser ce qui restera de l’Égypte.

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