mardi 14 décembre 2010

L’effet « bombe » du sucre

J’ai fait ma première fournée de « Noël », histoire de faire des tests avant que mon amie débarque avec son équipement culinaire et qu’elle soit désenchantée à tout jamais du beurre et du cacao. Ça sentait le bonheur jusqu’à l’entrée de la maison. J’ai déposé gracieusement le résultat sur mes plateaux à trois étages : les bonshommes, les cannes, les sapins et les étoiles brillaient de tous leurs sucres et calories vides.

Le temps que je m'installe au clavier, les ados se sont projetés sur les biscuits et le coulis qui devait napper le gâteau aux canneberges vanté par « Deux folles et un fouet ».
Je croyais revivre une scène de déjà vue, lorsqu’ils étaient petits, en devenant monstrueux d‘agitation et excités comme des puces. La musique — ou plutôt le son provoqué par leur poste de radio préféré — à plein régime, les courses au sous-sol, les accrochages de bas étage, j'en étais estomaquée.

Ils me criaient (pour se faire entendre au-dessus du vacarme) que la vie était magnifique, que c’était le plus bel accueil qu’on pouvait rêver en rentrant chez soi, la bouche pleine de cookies qu’ils avaient subtilisés. Un tableau pathétique. J’étais à préparer des pâtes sans gluten, avec une sauce courge et pesto. L’appétit s'était évidemment envolé dans les sablés. L’effet du sucre, à tous âges : une bombe!

J’ai utilisé les méthodes d’antan. On s’assoit pour admirer le sapin. On respire, tout en buvant de l’eau. Discussion sur les travaux et examens de la semaine restante (voire le changement de rythme subtil). Un brin recentrant. Leur ai parlé des résultats des élèves québécois de 15 ans, dans le cadre du programme international PISA, suite à leur « réforme » (j’ai deux enfants réformés sur trois). Pas si mal, les jeunes. On score un peu moins qu’avant, je leur dis, mais tout de même dans les tops 5 ou 10 pour les trois matières évaluées : la lecture, les mathématiques et les sciences.

- Comme ça, tu vas arrêter de critiquer que je ne lis pas assez? De claironner le benjamin.

- Si tu peux me parler de l’histoire Les habits neufs de l’empereur, un conte d’Anderson, nous prendrons une trêve. Un journaliste de La Presse soulignait l’indignation des enseignants au regard du manque de culture des jeunes. Ils se questionnent à savoir si vous êtes une génération qui va s'incliner devant les rois.

- Quel roi? Charest n’est pas roi!

- ?!?

- J'ai vraiment aimé Amos d’Aragon, mais je ne me souviens plus de l’empereur. Es-tu certaine de me l'avoir raconté???


Bon, c’est moi qui prends une pause parentale. Je lirai L’année de la pensée magique pendant les Fêtes, de l’américaine Joan Didion. Elle parle de l’importance des livres lorsque tout bascule. Mon W n’adore pas la lecture et malgré les entourloupettes, la lecture au lit, dans l’auto, en cuisinant, dans le bain, en lotus, pendant son sommeil, je n’y suis pas arrivée. Il n’a pas cette passion qui vous empoigne le cœur et cette fréquentation subtile avec des personnages tellement imaginaires qu’ils vous habitent à tout jamais, une fois le livre fermé.

Mon plateau à trois étages est vide. Je suis prête pour la prochaine fournée.

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