lundi 29 novembre 2010

L'art et les centres commerciaux

J’ai fait promettre à ma fille de ne plus jamais fréquenter les centres commerciaux d’ici le Nouvel An. Subir la bousculade causée par l’ivresse de la course contre la montre, ce n’est déjà pas acceptable. Être assommée par des réclames de besoins que l’on ignorait quelques heures auparavant, c’est encore plus troublant. Rien de plus beige que les centres commerciaux, dans un esprit des fêtes beige, écrit Marie-Claude Lortie dans La Presse d’aujourd’hui. Et si le regard que l’on porte sur l’écran des événements qui habillent notre vie est authentique, je devais me sentir très beige dimanche midi. Pourtant, c’était une sortie de « filles » enthousiaste et orchestrée. Nous avions décidé de partir tôt - planif de béton - afin de nous permettre de fouiner tout doucement, de façon à goinfrer les bas de Noël qu'on souhaite dodu et amusant. En prime, nous avions prévu aménager un dîner de sushis chez Tatami, et couronner le tout d’une potion magique verte de David’s tea, ce qui rendrait notre escapade des plus joyeuses, à coup sûr.


La magie s’est décolorée au moment de se garer. Les gens étaient prêts à se corrompre, à défier toute courtoisie, bave aux commissures des lèvres, pour camper à l’endroit le plus près de la porte. J’ai vu écarlate, couleur des quatre bas de Noël des enfants suspendus autour de la cheminée. La journée s'esquissait. En contemplant certaines horreurs dans les vitrines des magasins, tout en me faisant heurter de tous les côtés par une horde de consommateurs affolés, je constatais que TOUT et n’importe quoi se vend, parce qu’on marchande l’idée du bonheur et de la beauté en achetant les emballages. Et l’initiation s'amorce en bas âge. Dès la poussette, et ensuite à petits pas en clopinant dans une salopette hivernale hautement thermique pour l'intérieur, on dresse nos petits lutins à la féroce magie de Noël.

Pourtant, il y a véritablement un désir de semer des plaisirs, des attentions, de créer un espace pour dire aux siens qu’on les aime. Mais, avons-nous conscience qu’on s’y prend d’une étonnante façon? Tous ces regards épuisés, cantonnés dans un contexte exténuant, énergétiquement et monétairement, dépeignent sur moi un paysage dénué de sens.

Ce doit être le même sentiment pour d’autres personnes aussi, car une mode s’installe peu à peu dans les lieux publics. Des chanteurs saisissent la parole, mettent l’art autour des îlots de bouffe dénaturée, et surprennent les gens par la contagion des plaisirs provoqués par la musique. C’est le cas d’une chorale de Niagara, qui nous connecte à la magie des fêtes, nous offrant le Messie. Scène croquée sur le vif et se propageant sur YouTube pour notre plus grand bonheur. Souhaitons que les artistes puissent un jour recevoir la prospérité qu’ils méritent.

Ça, c'est la vraie magie de Noël. Alléluia!

1 commentaire:

  1. Merci pour ce beau chant! Que j'aimerais être présente à un moment magique comme celui-ci...

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