mercredi 17 novembre 2010

Couleur haut de gamme de champignon

La musique a toujours eu des effets prodigieux sur mon état d’âme. Je dois être une adepte de musicothérapie. Hier, portée par cette sublime température, je roulais sur la route en compagnie de Marie-Nicole Lemieux, Vivaldi, accompagné de l’ensemble Matheus et Jean-Christophe Spinosi, sous l’étiquette Naïve. Pas moi, mais la maison de disque.


L’élan procuré par ce redoux, ce soleil brumeux et ces voix d’opéra m’offrait l’opportunité de transmuter les feux rouges des phares de voitures en magique festin. Vrai de vrai, je me sentais enveloppé de la féérie de Noël. Il n’y a rien de rationnel qui pourrait expliquer ce phénomène, car je revenais d’un traitement ostéopathique exigeant, deux heures trente de trajet à effectuer, avec un « listing » de courses à cueillir, y compris les légumes biologiques pour mes jus verts. Je nageais pourtant bel et bien dans le bonheur.

Je me suis dit que c’était une capsule entre les anarchistes événements déstabilisants. Ce matin, par contre, je baigne encore dans cet état de béatitude. Un peu beige, mais un dégradé élégant et chaleureux. Genre couleur haut de gamme de champignon, par exemple le Bolet, le Coulemelle, la Girolle, la Trompette de la mort, le Cèpe de Bordeaux, le Pied de mouton.
Ouais, je suis émergée du sol de la terre, d’un sous-bois, de la pluie, du compost des arbres. Une sereine production aborigène de la nature. Et j’en suis infiniment reconnaissante, je savoure et respire l’odeur des conifères, du limon et du terroir. Je n’ai plus le besoin pressant de m’éclater de vermillon au soleil, quoique très joli lorsqu’arboré au moment désiré.

Tout cela pour constater que, finalement, le bonheur n’a rien à voir avec la météo. Il pleut et c’est magnifiquement inspirant. Je vais rédiger un plan de formation sous les baguettes de Vivaldi à tue-tête, avec les effluves d’une soupe aux lentilles rouges, bettes à carde, légumes et cari. Je pousserai peut-être l’audace jusqu’à trimballer mon portable au salon, et me faire un feu de foyer. Qui sait à quel point je suis devenue capable de prendre soin de moi.

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