jeudi 25 novembre 2010

Des mots et des maux

Moi qui souhaite consacrer ma vie aux mots, force est de constater qu’ils causent parfois bien des maux. On essaie d’articuler ce qui nous a fait réagir, on nomme malheureusement avec fracas ce que l’on ressent, et au détour, on a heurté quelqu’un. On a beau maudire la situation, et proclamer à qui veut l’entendre que le but de cette communication n’était pas destiné au messager, les dés sont joués. Il est quelque part trop tard pour l’alphabet élu. Les syllabes et les consonnes se sont amalgamées et ont forgé des mots, des phrases qui n’ont pas atteint la bonne cible. Le cœur, prêt à éclater de cette sourde douleur, a éclaboussé le discours.


 Nul ne sait plus que moi connaît l'exigence de partager « la page » de toute relation. Et c’est évidemment dans le réseau le plus intime qu’il arrive des bévues d’expression. Lorsqu’on nomme à voix haute ce qu’on ressent, il existe cette latitude, ces silences, ces questions qui consentent à se réajuster. Mais à l’écrit, dès le clavier en route, il n’y a pas cette permission. Ce qui est exprimé est imprimé. Le Web est un piège pour les collisions, surtout à la vitesse à laquelle il se propulse. Si on devait rédiger à la main et se rendre au bureau de poste, certains discours n’auraient pas vu le jour. Désormais, les technologies peuvent donc se travestir en épée, phénomène avec lequel nous devrons conjuguer.

Les mots peuvent aussi réparer. Il faudra risquer à nouveau de dire. En traversant le brouillard de notre propre histoire pour mieux saisir ce que l’Autre veut révéler. Pour éviter que ce soit le mot de la fin.


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