vendredi 18 juin 2010

Fête des pères

Une maison où la chaleur nous enveloppe, un feu qui crépite dans la cheminée, des effluves de pot-au-feu qui nous font saliver : ça brille, c’est beau, ça sent bon, c'est dotée d’une présence absolue, un style porte ouverte. Voilà la description de la demeure familiale où j’ai grandi. Un lieu où on conserve la certitude d’être accueilli, nourri, abrité, en sécurité. Dans cette maison ancestrale, il y a toujours une place de choix, car mes parents possèdent un cœur élastique, trésor qu’ils ont inventé bien avant le lycra. « Assurer un toit confortable » pourrait titrer leur doctorat honorifique.


Ils recueillent les chats et chiens errants, les soignent, les remettent sur pied. De cette éducation, petite fille, je construisais un refuge pour les libellules, les têtards, les papillons et oiseaux. Une chèvre a déjà partagé notre gazon dans la cour, avec vue sur fleuve, décor bucolique rehaussé d’un royaume pour notre colley Lassie et ses douze chiots. Tout ça en écoutant Luis Mariano. Comment décrire mieux l’ambiance!


Mon père affectionne particulièrement les animaux, les grands espaces, et notre visite au bercail. Il prépare religieusement du bon café, quoique maintenant un pouce vers le thé, depuis mon virage vert. Il aime viscéralement la « cuisine » : j’ai hérité de ce goût pour cette pièce, tel un code de rassemblement. Moi, comme chef cuisiniète, lui, pour déguster ce qui vient d’être apprêté. Surtout si c’est sucré. Un bec sucré, comme le répète maman, sourire aux lèvres. L’opération diminution du bedon doit s’apparenter à une vraie torture pour ses papilles, ce qui nous amuse allègrement, puisqu’aucune attirance pour les glucides, en ce qui me concerne.

Papa, arborant les gallons de capitaine de navire pendant des décennies, c’est ironiquement lors d’une croisière en paquebot que se déroulera cette année la fête des Pères, pendant que tu seras moelleusement installé sur la terre ferme, ton territoire précieux de campagne. Je ferai un clin d’œil au commandant, en ton honneur.

Je dégusterai un cappuccino, pour toi, à l’instant où les enfants se vautreront dans les tablées de desserts, sans que je rechigne. Pour ta personnalité caramélisée et bien nantie, protectrice, dotée de l’humour que l’on connaît. Merci pour avoir créé un milieu nourricier favorisant la mutation du têtard en grenouille, et plus tard en princesse.

Bonne fête des pères, mon papa!

Ta princesse Jaja et ses moussaillons


jeudi 17 juin 2010

Les vacances!

J'ai la capacité de me transformer selon le contexte. Un genre de poulpe qui se métamorphose selon les dangers de son espace vital, excluant la solitude comme pouvoir d'invisibilité. Tout comme elle, je suis extrêmement émotive et lâche de l'encre lorsque menacée.

De supraorganisée, tressée de check-list, je peux, sous le joug de l'esprit des vacances, lors d'une étape ultérieure, me vautrer dans le farniente, admirer les traîneries qui décorent la maisonnée comme une tablée de pièces montées d'un mariage italien. Tout est question de processing.

Il y a la phase A, dite de sprint, où le cerveau, carburant à plein régime, planifie et aménage la carapace de l'escargot qui prendra l'avion, organise la maisonnée pour les anges qui veilleront sur Pirouline, la chatte, et sa tanière. Je ressemble alors à une marathonienne, en sueurs, assoiffée et les cheveux en bataille. Le caractère qui tourne en bourrique.

Phase B, celle où on prend un bon rouge avec la pizza, juste avant le départ, les valises bouclées. On regarde les croûtes s'échapper de l'assiette sans aucune palpitation, malgré le chaos qui régit les bagages au pied de la porte.

Et enfin, la phase finale, euphorique, grisante, celle où l'on décrète que NOUS SOMMES EN VACANCES! 




Je chante cette chanson à chaque année, les enfants se bouchent désormais les oreilles et se poussent dans leur chambre, surtout si c'est le moment de vider le lave-vaisselle ou de sortir les ordures.

Et dans cet élan de fin d'année scolaire, voici la composition musicale qui a enveloppé nos adieux destinés aux enseignants, avec tous nos hommages. C'est plus fort que moi, je la garderai éternellement en mémoire.

mardi 15 juin 2010

La croisière s'amuse

Vous connaissez ma propension à revoir de vieux films ou émissions de télévision qui ont inspiré notre jeunesse. Aujourd'hui, voici deux émissions qui ont dû, à un moment ou un autre, tracer une route vers des destinations de vacances. Que de bons souvenirs!





Rassurez-vous. Il est hors de question de devenir de joyeux naufragés. Je suis la digne fille d'un capitaine de navire qui allait justement remorquer les bateaux en difficulté. Nous avons plutôt l'intention de s'amuser, de profiter de ces villes flottantes féériques que sont devenues les paquebots de croisières.

Voici les détails de notre semaine:

Départ de Fort Lauderdale
En mer
Arrêt à Cozumel
En mer
Arrêt à Grand Caïman
En mer
Arrêt à Ocho Rios, en Jamaïque
En mer
Retour

Certaines valises sont déjà offertes aux vêtements. Il y a des Post-it partout dans la maison. Les kits d'hygiène semblent être en promotion sur le comptoir de la salle de bain. J'essaie, en vain, de convaincre les enfants de porter des vêtements qu'ils n'apporteront pas. INCONCEVABLE.

Plus que trois dodos et demi.

lundi 14 juin 2010

Collation des grades

Ce fut un week-end rempli d’émotions. Tout d’abord, le compte à rebours pour les vacances est décidément en marche : plus que quatre dodos et demi.


Ce qui est venu électriser le tout, c’est la célébration de mon fils aîné à la Basilique de l’Oratoire Saint-Joseph. Il n’a pas effectué de miracles, quoique l’atmosphère qui régnait à la collation des grades des diplômés de l’École Polytechnique, en avait une certaine teneur. Hier encore, dans son siège d’auto, je le revois scruter ses petits livres fourmillant de détails, de plans, de labyrinthes, avec de grands yeux curieux. Quelques instants plus tard, dans les entrailles de l’Oratoire, un pas dans la maîtrise en physique, ayant troqué les jeans pour la toge, il recevait son diplôme de génie avec mention d’honneur.
Au moment où près de trois cents finissants, provenant de tous les coins du monde, ont propulsé leurs chapeaux –mortiers- vers le dôme, les familles essuyaient des larmes festives. Tout ce labeur, des travaux jusqu’aux examens, le triathlon scolaire des quatre dernières années, se couronnait. Le ruban jaune de l’accomplissement.


Derrière mes yeux embrumés, j’observais ces magnifiques jeunes adultes. Pétillants, vaillants, passionnés, généreux, amoureux, une communauté d’entraide en souvenir. Comme parent, le souhait le plus ardent au sujet de nos enfants, c’est la réalisation de leurs passions, avec leurs talents et habiletés. Et samedi, c’est cette capsule de consécration qui nous a tant émus. Cette impression, dans les regards étincelants, que le futur est prometteur, qu’il est possible d’aller au bout de ses rêves.

Certaines familles ont quitté leur pays, leur maison, leur emploi là-bas, se sont endettées pour offrir cette possibilité à leur progéniture. « Nos enfants, déclarent-ils avec verve, auront cette chance, peu importe le prix ». L’Eldorado des études permises. Vous auriez dû sentir cette fierté, l’apothéose de la réussite, en transcendant les lois générationnelles de « ce n’est pas pour nous ».

La graine a été mise en terre, et elle a reçu l’attention nécessaire pour germer.

Comme l’a dit Erich Fromm: « La principale tâche dans la vie d’un être humain est d’accoucher de lui-même, de devenir ce qu’il est potentiellement. »

Il m’a semblé que c’était un magnifique protocole d’avenir, un kaléidoscope de notre société future, colorée dans tous les sens du terme, plus prometteuse que jamais.

Chapeau, les gars et les filles!

vendredi 11 juin 2010

Indices d'eau

Excitée comme une puce par le voyage de samedi prochain, j'ai navigué sur le Web pour vous déposer des photos comme indices. C'est l'idée de Gigi, afin de préparer les lectrices et lecteurs à l'absence de blogue la semaine du 20 juin. L'occasion est donnée, simultanément, de faire pétiller l'attente pour les enfants. Histoire de se mettre l'eau à la bouche, voici un premier coup de nageoire, concernant nos - peut-être- dernières vacances de famille.


Nager avec les dauphins, bêtes célestes, est un rêve inscrit dans notre patrimoine depuis que les enfants sont petits. Écrire un récit de voyage aussi, avec photos à l'appui.

Vous devinez donc que la destination n'est pas Trois-Rivières. Que nous prendrons l'avion pour s'y rendre, ainsi qu'un autre moyen de transport. Il fera chaud, chaud, chaud. Certaines expéditions permettront de nous rafraîchir, comme l'escalade de cette chute qui prend fougueusement possession de la montagne.


Nous expérimenterons le tuba et le masque pour contempler les poissons de toutes les couleurs. Des vacances, dans tous ses états!







jeudi 10 juin 2010

Les ficelles du maillot féminin

Nous respirons à fond dans les préparatifs de voyage, à travers les examens, les rendez-vous, les dates de tombée au niveau du travail. À la fois grisant et étourdissant. Comme écouter Maria Callas.


Prévoir des kits pour voyager léger composés de vêtements multi-usages, indexer notre empreinte écologique que laisse l’avion, envisager une nounou pour le chat et les plantes; planifier des repas pour éviter le gaspillage ou les sprints au resto les jours précédant le départ; concevoir une trousse de survie pour quatre personnes et s’assurer que la limite de poids permise pour les bagages est respectée, ce qui nécessite un douloureux choix pour les livres. Autre supplice, la gestion des maillots de bain. Les gars en possèdent deux, et ces derniers tiennent la route depuis des siècles. Quant à nous, les filles, il s’agit d’une histoire répétitive annuelle, tel un CD usé piégé dans un sillon.

Nous sommes donc partis en expédition à la chasse au bikini, ayant déniché une vente d’entrepôt. Il faisait gris dehors, gris en dedans. Des néons à aveugler des yeux de lynx, du béton mur à mur. Une file d’attente comme initiation. J’étais déjà en nage. Libérée de la foule en délire, excitée par le concept des aubaines, mais qui achète trois fois plus, nous avons eu droit à une cabine d’essayage de un mètre carré, décoré d’un petit rideau conçu avec des épingles à linge, à peu près la grandeur d’un « coupon » attrapé en courant un marathon dans un magasin de tissus. Le lilliputien miroir, qui permet en général d’apprécier l’étendue des dégâts, exigeait que l’on quitte la tanière pour s’exhiber devant notre accompagnatrice, et, par surcroît, le rassemblement en délire dans la file d’attente. De toute beauté. Si la grandeur ne convenait pas, devinez, il fallait recommencer l’exploit à partir de l’arche de Noé. Les économies exigent toujours un prix. Dieu soit loué, dotée d’un radar intégré concernant mon « body », je suis sortie avec deux maillots de bain. Ma fille a poursuivi l’aventure ailleurs, et le père est désormais équipé de vêtements d’été inspirants pour le voyage.

Le dossier des deux-pièces réglé, coché, j’ai déniché une nouvelle source d’angoisse, inspirée par le concept de l’entrepôt. Les toilettes. Une de mes hantises dans la vie, mit à part traverser le tunnel d’un « car wash », c’est pourchasser cet endroit béni, au moment d’une urgence. La seule pensée du voyage, coin perdu, exotisme, autres mœurs, inévitablement, amènent les besoins essentiels à « vivre autrement ». Cette image évoque pour moi cette quête, anxiogène full max. Leçon numéro 1, glisser des Immodium dans la trousse d’hygiène.

mercredi 9 juin 2010

Bouquet de livres d'été

J’avais pourtant prévenu que je n’écrirais plus le mercredi, mais c’est plus fort que moi. Tant de choses à écrire, tant de choses à vivre. Propulsée par le tsunami d’amour du repas festif d’hier avec mes enfants, conjugué au fait que je serai en vacances du 19 juin au 6 juillet, je m’empresse de m’étendre sur le papier – virtuel – pendant les journées restantes. Je vous donnerai peu à peu les indices de notre voyage. La réponse sera dévêtue juste avant le départ.


En attendant, je vous propose un bouquet de livres d’été.

La fille de papier, de Guillaume Musso . J’ai dévoré. Littéralement. Je suis une fan de cet auteur prolifique. Mettez la main sur tous ses livres et dégustez des sorbets aux framboises.

Les écureuils de Central Park sont tristes le lundi. Inutile de vous louanger à nouveau Katherine Pancol.

Solitude face à la mer, de Anne Lindbergh. Écrit en 1955, réédité en 75, en 83 et enfin en 2001, c’est mon livre fétiche d’été. Je le relis à chaque vacances. Les pages sont écornées, surlignées, quelques grains de sable s’y nichent encore. Étant donné mon amour incommensurable pour la mer, les coquillages, et la réflexion, ce bouquin m’accompagnera des années encore.

Les piliers de la terre, de Ken Follet. Incontournable.

Croisière maudite, de Preston et Child, 2009. Thriller garanti.

L’épouvantail, de Michael Connelly. Le maître des polars. Nuit blanche à venir.

Le meilleur de nos fils, Donna Leon, 2006. J’ai lu presque tous ses livres, car l’histoire de sa vie d’écrivaine est fascinante. Américaine et mère de trois enfants, elle encourage son mari à accepter le poste proposé à Venise. La famille s’installe. Tout en découvrant cette exceptionnelle ville et se consacrant à la vie de famille, elle écrit un premier roman avec succès. Les cafés et repas du commissaire Brunetti nous font saliver, tout au long de ses aventures vénitiennes. Donna Leon demeure toujours à Venise et vient de publier son quinzième roman, Requiem pour une cité de verre. À connaître.

Dans mes valises, j’emporterai :

Ne dites pas à ma mère que je suis voyante, elle me croit libraire à Vancouver, de Eileen Cook. Rire et délire.

Maudit karma, de David Safier. Coup de cœur Renaud-Bray, lecture d’été à ne pas rater.

Extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet, de Reif Larsen. Fascinant.

La cinquantaine en Provence, de Yves Lamontagne



Comme si de rien n’était, quelques indices concernant le voyage ont été glissés dans ce texte.

mardi 8 juin 2010

Du macaroni à mamie

Mon fils William a quinze ans aujourd’hui. À l’heure où j’écris ces lignes, je déposais ma grossesse à l’hôpital, sous un soleil de plomb. Mes parents, arrivés la veille, gardaient le phare avec la marmaille restante. Il me semble que c’était hier. Tout passe tellement vite.


Le médecin nous avait sommés de ne plus quitter la ville, deux semaines auparavant, car l’enfant verrait assurément le jour d’un instant à l’autre. Mon conjoint a devancé ses vacances avec l’énergie de l’urgence. Nous étions sur le pied d’alerte. Le temps prévu s’est écoulé. Niet. Il a toujours joué des tours, ce petit canard.

Nous sommes dans un « high » aujourd’hui, à 360 degrés des états émotifs du week-end. Comme la fonction de parent est ainsi faite, on oublie tout et on festoie le moment de grâce. Les enfants sont heureux, nous nageons dans le bonheur.

Du haut de ses quinze ans, il m’a demandé si je pouvais lui servir du macaroni à mamie pour dîner. Il ferait le trajet en vélo. Peu importe l’âge, d'un coin de notre cœur rebondit toujours l’enfant qui aime le macaroni. Lorsqu’il était au primaire, il « sniffait » à deux maisons d’ici ce que je lui avais concocté comme repas, gourmand à l’os comme son grand-père.

Comment refuser un tel souhait? Je lui préparerai donc un banquet (orgie) de ses plats préférés tout au long de la journée : macaroni au fromage, pâté chinois, côtes levées et riz basmati, avec une jardinière aux fruits de Première Moisson comme dessert. Puisque nous sommes six autour de la table, et que la connotation d’un festin n’est pas la même pour tous, un potage de rutabaga, patates douces et pommes sur un champignon de pétoncles au gingembre symbolisera le lancement de cette fête. Des salades s’ajouteront : haricots au feta de brebis, tomates cerise et olives noires, ainsi qu’une verdure quelconque. Je salive et je m’empresse d’endosser mon tablier. Si le temps le permet, je ferai un pain pour bénir ce moment. Sinon, nos bons vœux répondront à la tâche.

Je remercie le ciel d’avoir eu mes enfants. Si je ne prépare plus d’activités d’amis avec des sacs-surprises, si je ne suis plus « écouettée » et en sueurs au moment où les parents viennent rechercher leur rejeton, je crois que nos enfants demeurent toujours petits lorsque le moment d’en prendre soin et de les dorloter allume des chandelles. Même pour mon bébé de quinze ans.

lundi 7 juin 2010

La revanche du NON

Tous les « non » pourchassés pendant la période du terrible two reviennent avec force et vigueur à l’adolescence. De mes trois embardées avec l’adolescence, c’est la dernière qui décore le paysage actuellement. Mon fils est enlacé dans l’adolescence, avec cette difficulté typique à lacer ses souliers. Bref, je gère les hauts et les bas de l'adolescence. Je croupissais dans un mélodrame en racontant cela à mon amie, par courriel, et c’est en pouffant de rire qu’elle m’a répondu que même dans ces moments-là, qui arborent un ton tragique, je suis drôle.


Le défi à relever, pour nous, ses parents, était de l’amener au centre d’achats pour lui acheter de nouveaux souliers. Privé de l’ordinateur pour avoir franchi la limite de temps permise, il « babounait » sans mot dire sur la banquette arrière de la voiture. Il pleuvait des cordes, avec une seule voie d’ouverte sur l’autoroute pour s’y rendre, grâce aux travaux qui agrémenteront notre vie jusqu’en 2034. Des milliers de personnes avaient été inspirés par la même idée de sortie. Et c’est là, avec la lenteur de l’escargot, qu’il a fait un remake de la poupée qui fait non.

Il s’est transformé en mollusque invertébré, moulant la chaise d’essayage, faisant « non » de la tête aux modèles que nous lui proposions. Le roi et ses valets. J'ai failli l'égorger vif. Une chance pour lui que j'étais devant dix mille témoins, au minimum. Avant de faire une folle de moi, j’ai laissé le Père et le Fils finaliser l’opération et suis allée retourner un achat de jeans déchiré. Très tendance pour la fille, mais pas du tout au goût du père. Sommes revenus à la maison avec un désir incommensurable de pastas, histoire d’adoucir les tempéraments.

Nous avons écouté en famille un film avec Jackie Chan, ce qui a eu la vertu d’endormir la poupée qui fait non. Pour clore en beauté cette scène de vie familiale, et border la poupée qui fait non, un documentaire diffusé au Canal D sur les pieuvres et leurs neuf cerveaux, nous a réunis dans l’intérêt qui nous unit à la faune.

Les poulpes sont de vrais extraterrestres avec leur organisation cérébrale différente de la nôtre. Elles changent de couleur selon les sentiments, métamorphosent leur forme selon la situation. Au fil des siècles, l’évolution de cette espèce est fascinante. Elles sont en train d’apprendre à apprendre.

C’est en me couchant dans mes draps de coton égyptien, un masque au visage, épuisée mais soulagée du happy end du jour, que je me suis fait la réflexion suivante. Moi qui est souvent décrite comme la femme pieuvre, sans connaître les fondements d’une telle comparaison, peut-être suis-je à apprendre à traverser l’adolescence et son aventure de mollusque. Peut-être suis-je beaucoup trop organisée, centrée sur la performance, avec une incapacité chronique de dire « non ». C’est là qu’entre en jeu le miroir de nos enfants, qui existent pour nous confronter à nos démons.

Désormais, vous pouvez demander, j’apprends à dire NON.

vendredi 4 juin 2010

Diamants de nature

Je ne sais si c’est le « chialage » sur la « chécheresse », ou le nez de Samantha, mais la pluie, depuis hier, a regorgé la terre et le fruit de ses entrailles. Les adeptes des voitures étincelantes seront ravis, l’interdiction d’arrosage est levée sur le territoire terrebonnien. Je suis persuadée qu’il y aura un chapelet de raisons de râler sur autre chose, comme la pluie, genre. L’humain étant ce qu’il est.


Ce qui m’enchante ce matin, ce n’est pas le fait que mes enfants soient en congé, non. Je m’habitue progressivement à leur horaire de la génération Z. J’imagine qu’ils négocieront leurs conditions de travail, cappuccino en main, calendrier surligné de rose fluo pour les vacances, de vert pomme pour les jours de repos, de jaune serein pour les évasions, et de mauve pour les voyages. Chaque génération a ses lubies, ses failles, ses démesures. Imaginons la leur épargnée d’épuisement professionnel, d’assujettissement et d’exploitation. C’est du moins l’impression que ça donne, les regardant choisir leurs vêtements, leurs sorties, leurs temps libres de travaux forcés. Nul besoin de ramper au sol sur le ventre pour être aimés, ils le sont d’emblée. L’amour inconditionnel leur a été offert, dès la conception, par la fée de l’amour. Un jour, en préparant une purée de poires, les yeux fermés, après une nuit hachée — sans sommeil —, nous leur avions demandé, à la Dolto, comment ils avaient décidé de venir sur la planète. William avait répondu, de ses yeux bleu azur, que du ciel, notre maison clignotait d’amour, et qu’il nous avait donc choisi comme parents. Voilà, c’est ainsi que nous avons agrandi notre famille, misé sur leur épanouissement, leur expansion, le DÉVELOPPEMENT DE LEUR ÊTRE CÉLESTE.

Ce qui m’enchante ce matin, ce sont les diamants sur mes plantations (en hommage à Diamants sur canapé, avec Audrey Hepburn). Je suis émerveillée, et je le serai toujours, d’être spectatrice du miracle de la nature qui s’épanouit un peu plus chaque jour. J’ai été élevée au bord du fleuve, avec des champs où pâturaient les vaches en face de notre maison, et cela, ça laisse des traces indélébiles. Mes cellules sont codées de nature, de couleurs de nuages, de couchers de soleil rose annonçant la chaleur. Et l’été, inscrit dans mon code de vie, c’est le sable et l’eau qui se hissent dans la toile de mon cerveau. Puisque l’accès m’y est désormais limité, je contemple la nature florissante autour de ma maison, en compagnie des oiseaux comme messagers divins. Et je cache dans un recoin de ma besace, des projets de plage et d’eau. C’est plus fort que moi.
Je vous parlerai bientôt de notre prochaine escapade familiale, campée entre Les joyeux naufragés et La croisière s’amuse.

jeudi 3 juin 2010

Au secours, Samantha!

C'est fou l'éducation qu'on a reçue, les grands principes encensés par la télévision, les grandes vérités, cet amalgame de sagesse qui fait qu'on est devenus ce que nous sommes désormais, à moins d'avoir fait une cure de désintox chez le psy. Le mari de Samantha l'a dit: quoi de plus grisant, pour une femme, que faire pousser des fleurs, et pendant que l'homme part au travail, il est rassuré, car pendant que sa mignonne fait des trous dans la terre, elle n'en fait pas dans le budget. Cé-ti assez beau, ça?

Je suis issue de Ma sorcière bien-aimée, et mon cerveau a tout enregistré, synthétisé, synapsé, pour ensuite régurgiter des plans et des listes à tout casser pour passer le test de la perfection. Primo, je veux bien avoir des multiples fours comme elle, secondo, être coiffée à tout heure du jour et de la nuit, tertio, planter des fleurs, mais à condition d'avoir de l'eau. À l'époque d'inconscience et d'opulence de ma sorcière bien-aimée, il était impensable qu'une espèce de gendarmerie se promène dans les quartiers, gyrophares jaunes tournoyant sur le toit de sa Toyota,  afin de s'assurer du respect de l'embargo sur l'eau d'arrosage. Mais voilà, la réalité est que mes plantations sont fanées, cuites, rôties, chéchées. Au secours, Samantha!



De plus, mon cerveau a aussi capté le concept de l'époque où la maman, belle, fraîche, disposée all time, sa maison rangée et astiquée all time, disait à son enfant, d'une voix mielleuse et satinée, de ranger ses souliers (entendre désormais raquettes) et que ce dernier, tout aussi impeccable, opérait au quart de tour. On veut des clones de Tabitha! (Y'en a-t-il chez Jean-Coutu?)
Tout comme elle, je veille à ce que la maison ait l'air normal, sans qu'une voisine entendre des sons étranges, tels des cris de guerre au fond d'une tranchée, aperçoive de la fumée en plein jour, voit des fleurs pousser et des sacs à dos virevolter dans les airs.

Au secours, Samantha, bis!

mardi 1 juin 2010

Quand les pivoines s'en mêlent!

L’autre nuit, l’odeur affolante du feu m’a réveillée. J’ai fait le tour de la maisonnée, pour finalement aboutir sur le perron, zyeutant les maisons autour, poursuivant le lieu du crime. Pas de signe en vue. J’ai appris hier que nous avons tous senti le smog d’effluve carbonisé issu des incendies de forêt sévissant au Québec.


J’ai parlé au cœur de mes pivoines célestes, afin qu’elles flirtent avec ses alliés de la nature, pour que l’eau des nuages vienne corrompre ces paysages arides et désertiques. J’ai aussi fait la danse de la pluie, sans toutefois prétendre être la cause de cette échappée pluviale. Ce matin, je suis sous le charme des couleurs verdoyantes, scintillantes comme le champagne. Engluée dans la circulation, dans quelques heures, je saurai où mettre mon point de mire.

Au fond, tous les excès rendent la vie friable. Le soleil qui cuit, le déluge incessant d’un certain juillet, la veste en laine polaire du mois d’août, la baignade sous les 37 degrés en mai, une affluence de visite qui laisse la maison poisseuse. Sommes-nous étonnés, au Québec, de notre capacité d’adaptation, de notre génie créateur? Je suis persuadée que notre pays mal isolé y est pour quelque chose… De toute façon, de quoi les gens discuteraient-ils s’il n’existait pas ces variations atmosphériques pour nous faire prendre conscience qu’on est vivants?

Les intensités nous entraînent dans le sillage de notre quête de sens. Quel est l’essentiel, aujourd’hui, dans ma vie? Quel trajet ai-je emprunté récemment qui me mène à un sentier escarpé et pentu? Dans le recoin d’une petite crique, ai-je pris le temps de dire « je t’aime » à mes amours?

L’expression de la nature est vibrante. C’est un vaccin contre l’ennui et l’imposture. C’est l’écrin de notre âme. Un ballet d’occasions de choisir l’essentiel.

Ah! Quand les pivoines s’en mêlent, je hume les réflexions divines.