J’ai toujours cru
que j’étais un être sociable, avec un esprit communautaire, dotée d’une
tolérance extensible face à certaines habitudes du voisinage. Même si j’ai
aussi toujours affichée ma désolation face à l’absence architecturale et écologique
du développement d’artères commerciales, aux agglomérations construites à la
hâte, effrénées, j’ai persévéré à investir sur le respect de mon environnement
et cru au pouvoir du moindre petit geste.
Au moment hautement
émotif de la nidification familiale, cherchant un cocon bienveillant pour la
progéniture, nous avons choisi de s’installer dans un quartier enfoui sous un
dôme d’arbres : érables, chênes et conifères centenaires conféraient une
atmosphère protégée des trépidations stressantes de la vie. C’était il y a une
dizaine d’années. Ma seule crainte était que mon fils se perde dans le coin «forêt »
derrière l’école. C’est pour dire.
Au fur et à mesure
de coups de marteaux frappés à l’ère de la construction immobilière, des lots
et des lots ont subi la coupe d’arbres pour accueillir de nouvelles maisonnées.
Je me disais que ce devait être les dernières des dernières, au risque de perdre le boisé que nous avions tant aimé. Il s’avère possible d'oser défricher jusqu’aux derniers
retranchements.
Il y a un mois de
cela, des grues de toutes sortes ont débarqué, éventré la forêt restante, et dessiné
une allée digne d’une autoroute. On fait place à un nouveau développement. Ne
reste que quelques arbres survivants pour agrémenter le décor. Des saccages au nom de
l’économiiiiiiiiiiie.
Au même moment de
ce deuil domiciliaire, un nouveau voisin s’est installé avec cor et trompette
derrière chez-nous, construisant un immense cabanon – on dirait un garage- tout le long
de notre terrain, une vision barbaresque
de la vie communautaire. Feu mon territoire protégé, feu mon espace cocooning,
fin de la naïveté banlieusarde. Moi qui voyait vert, je vois rouge. Je fulmine.
L’étau se resserre
vers un départ. Cherche coin de campagne à l’abri des bêtises.
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