Nous sommes, familialement parlant, à composer avec
l’adolescence. Un dernier sprint, un dernier soubresaut, une dernière virée.
Notre troisième.
Ces temps-ci, le
courant musculaire bat son plein, les muscles ont la cote, la virilité négocie
avec le duvet. À chaque génération, son style. Le dernier de la tribu, connecté
par intraveineuse à son ordi depuis quelques années, vient de s’infiltrer
dans la tendance bodyform.
Deux ou trois
soirées par semaine sont consacrées à suer, à expectorer toutes les toxines du
corps en hurlant des sons gutturaux avec le taekwondo. Enfin, il bouge. À fond la caisse.
Mais ce n’est pas
suffisant. L’intensité s’agrippe aux neurones décisionnels. L’argument est de
poids : plusieurs groupes musculaires sont en carence de sollicitations,
proclame-t-il. Qu’à cela ne tienne, se dit-on, puisque nous rêvions du jour où les
loisirs différeraient du Web. Nous entérinons la demande: l’inscrire
au centre d’entraînement, sous le feu des appareils étincelants de promesses.
Une surabondance
de produits poudrés avec images de body
de fer – ou d’enfer –
encercle la piste. Des étalages complets sont présentés afin de contribuer à la
réussite du « programme ». Un surplus de protéines est essentiel à son développement, explique l'ado,
articles et documentation à l’appui. Un nouveau vocabulaire est désormais introduit
en matière de nutrition : protéines, glucides, fibres, minéraux. Celui qui
a toujours chipoté devant les plats cuisinés « maison » réclame avec
ardeur de la nourriture saine et nutritive, apporte des collations santé, lève
le nez sur les croustilles. Il pèse le pour et le contre de ses choix
alimentaires… et monte sur la balance de ses gestes. Qui l’eût cru! Un nouveau
client pour le Bistro Jasmine.
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