jeudi 27 septembre 2012

Un ado, des muscles, des protéines


 Nous sommes, familialement parlant,  à composer avec l’adolescence. Un dernier sprint, un dernier soubresaut, une dernière virée. Notre troisième.


Ces temps-ci, le courant musculaire bat son plein, les muscles ont la cote, la virilité négocie avec le duvet. À chaque génération, son style. Le dernier de la tribu, connecté par intraveineuse à son ordi  depuis quelques années, vient de s’infiltrer dans la tendance bodyform.


Deux ou trois soirées par semaine sont consacrées à suer, à expectorer toutes les toxines du corps en hurlant des sons gutturaux avec le taekwondo. Enfin, il bouge. À fond la caisse.


Mais ce n’est pas suffisant. L’intensité s’agrippe aux neurones décisionnels. L’argument est de poids : plusieurs groupes musculaires sont en carence de sollicitations, proclame-t-il. Qu’à cela ne tienne, se dit-on, puisque nous rêvions du jour où les loisirs différeraient du Web. Nous entérinons la demande: l’inscrire au centre d’entraînement, sous le feu des appareils étincelants de promesses.

Une surabondance de produits poudrés avec images de body de fer – ou d’enfer – encercle la piste. Des étalages complets sont présentés afin de contribuer à la réussite du « programme ». Un surplus de protéines est essentiel à son développement, explique l'ado, articles et documentation à l’appui. Un nouveau vocabulaire est désormais introduit en matière de nutrition : protéines, glucides, fibres, minéraux. Celui qui a toujours chipoté devant les plats cuisinés « maison » réclame avec ardeur de la nourriture saine et nutritive, apporte des collations santé, lève le nez sur les croustilles. Il pèse le pour et le contre de ses choix alimentaires… et monte sur la balance de ses gestes. Qui l’eût cru! Un nouveau client pour le Bistro Jasmine.





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