lundi 21 mars 2011

Il n'est jamais trop tard

J’ai cru avoir de la fumée dans les yeux. J’amorçais à peine ma période d’écriture, face au mur, pendant que sur la cuisinière mijotait un potage au chou-fleur vert, poireaux et pommes — coiffé de curcuma et garam masala —. Déjà, je reniflais l’odeur réconfortante d’être sous un toit d’amour avec en prime un repas nourrissant.

Je me concentrais à trier les fécondes idées qui n’en finissent plus de leur gestation et qui me narguent sur le calendrier qui s’effiloche à une vitesse TGV. Derrière mon dos, j’ai soudainement senti une infidélité printanière, sans pouvoir l’expliquer, comme une femme « sniffe » la chemise du mari qui odore la réunionnite tissée très serrée, très souvent, et très tard, lorsqu’il revient du bureau.

J’ai soudain aperçu cette neige. Duveteuse, lourde, opaque et opaline. Un tableau de carte postale qui nous rend fébriles de romantisme lorsque décembre cogne à la porte et qu’on rêve de biscuits au gingembre. Ce même tableau, au moment où l’on rêve à alléger les vêtements d’extérieur et à se rosir les joues en enfourchant notre vélo, c’est ahurissant.

Histoire de ne pas sombrer dans la « météosensibilité », je songe à tout ce qui est édulcorant : mes amis qui ont marié des couleurs de lin dans mon salon, la salle de bain, et la salle à manger, avec leur énergie qui chante encore et me rende plus zen; le souper chaleureux de samedi chez des copains, gorgé d’olives et de projets; la santé qui est conviée à notre table; mes livres, mes alliés; ma créativité, qui me transporte vers des réalités inconnues; un bain chaud à l’huile d’amande douce et huile essentielle de bergamote; mes plantes qui me susurrent à l’oreille que la cour reverdira un jour ou l’autre.
Finalement, je réalise qu’il n’est jamais trop tard pour s’offrir notre saison favorite. Il suffit de souffler sur l’écran de fumée devant nos yeux.

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