mercredi 20 avril 2011

L'amant saisonnier

L’hiver est tombé sur la tête. Comme après une rentrée tardive dans la nuit, il cherche ses clés. Amoché, penaud, un brin éméché, il a perdu ses repères. Il grêle des dents et gicle ses empreintes aux fenêtres.


C’est ce bruit qui réveille sa chérie, attendant son prince printanier, en rêvassant aux sorties pétillantes où elle est légèrement vêtue. Elle a nettoyé les vêtements et accessoires hivernaux, rangé le tout dans un placard qu’elle a fermé à double tour. Exit, l’être froid qui colle à la maison! Où te caches-tu, amant de la belle saison, soleil dans les voiles et projets doucereux de chaleur?

Martha's Vineyard, MA
La dulcinée est prête. Elle s’est baigné dans les huiles de mandarine et de bergamote, a réinitialisé la lecture d’Avril enchanté, imaginé l’odeur des glycines, s’est drapée d’une nuisette avec des roses, mis sa crème « régénérescence » pour la nuit. Sur sa commode, elle a préparé une tunique marine rayée de blanc, un pantalon capri de coton, et de jolies sandales plate-forme en jute. Le portrait idéal du printemps qui affiche ses prémices d’été. Après tout, nous sommes presque en mai, et à cette date, on pétille déjà d’impatience d’aller au bord de la mer, Guide touristique dans une main, et Solitude face à la mer (Anne Lindbergh) dans le sac de plage, marchant sur un sentier jusqu’à s’échouer dans une Bakery de Martha’s Vineyard.


Le bruit des grêlons sur la fenêtre l’extirpe de sa rêverie. Dehors, tout est blanc. Le vent fait son frais et prend tout la place. L’amant s'est éclipsé en douce. Il ira sans doute se réfugier dans un café pour lire Le seul instant, de Robert Lalonde. Il a totalement raison. Il n’y a rien de mieux à faire aujourd’hui. Il n’est pas de taille. Persévérant, il reviendra, assurément. Mais à autant se faire désirer, c’est presque indécent, laissant à sa fiancée que des images pour rêver.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire