mardi 12 avril 2011

Pour en finir avec les modèles missiles

Je n’ai plus de mouchoirs pour Cantat. Je prône pourtant la tolérance, les valeurs altruistes, l’équité, la capacité à rebondir, à se réhabiliter, à se transformer. Je sais, aussi, avec le rationnel dont mon cerveau est pourvu, que les événements qui surgissent sont la représentation holographique de notre vie d’humain : la guerre est, en autre, le dramatique reflet. Je suis persuadée que nous venons sur la planète pour apprendre, traverser, grandir et retourner dans l’au-delà vivre une dimension plus lumineuse. J’essaie vraiment d’être « zen », de semer un jardin de joie et de bien-être autour de moi, de prendre soin de mon terroir, de comprendre la détresse et d’expliquer la bêtise humaine par la souffrance. Je me rallie aussi à la croyance qui stipule que lorsqu’on est en paix avec soi-même, notre réflexe n’est pas de juger, de mépriser, d’être indifférent ou de vouloir éliminer à bout portant ce qui semble différent de nous, l’Autre.


Mais nous sommes des êtres de paradoxe. Et en cheminement. Avec des limites, malgré les bonnes intentions, la volonté, les idées.

Je me considère à des années-lumière du Dalaï-Lama, de Nelson Mandala ou de Mère Térésa. C’est évident lorsque j'observe ma réaction lorsqu’il a été question du retour du chanteur Bertrand Cantat sur les planches du TNM. Ayant battu à mort sa compagne « adorée » Marie Trintignant, le fait qu’il débarque pour jouer le cycle Des femmes me rend particulièrement inconfortable. Pourtant, nous savons d’emblée qu’il a traversé l’enfer, qu’il s’est transformé, qu’il s’est excusé, repenti, les yeux honteux. Mais quelque chose bloque au fond de la gorge – ou du cerveau —, à l’idée qu’il revienne devant la scène.

Être en avant, devant, c’est approvisionner les gens d’un modèle, d’une source d’inspiration, d'une vision, c'est assumer d'être un porte-parole pour un monde meilleur. Et on ne veut pas d’un modèle de mépris et de violence envers les femmes - ou le féminin-. Nous avons déjà le PM Stephen Harper. Sa facture nous éclabousse de mépris: il planifie d’éliminer le registre d’armes à feu, d’interdire l’avortement, revenir à la peine de mort, de cloîtrer sournoisement les femmes qui osent s’engager sur la place publique. Il préfère investir dans les avions militaires, les plus coûteux de toute l'histoire, sans appel d'offres, tout comme dans l'exploitation des sables bitumineux et gaz de schiste, et ainsi se foutre de l’environnement et des effets sur la santé publique. Pow! Pow!, est son jeu de coulisse, à défaut de lire et d’aller au théâtre.


C’est pour cette raison qu’il y a eu un raz-de-marée à l’annonce d’un autre « modèle missile ». Cantat, lui, on peut le refouler aux frontières, mais quant à monsieur Harper, il se retrouvera bel et bien dans nos foyers grâce à l’encre de nos valeurs. Pourtant, nous avons le pouvoir de choisir nos influences.


Avec la nonchalance et l’inconscience qui caractérisent « le Canadien en nous », si la tendance se maintient, il sera honoré aux prochaines élections. Dans cette veine, il faudra apprendre à assumer notre partie sombre qui s’y camoufle.

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