jeudi 20 janvier 2011

L'oeuf ou la poule

L’humain est un être de paradoxe. Il apprend docilement et sagement les coutumes de sa famille, ensuite de son école, son milieu social, et ensuite de sa tribu où il pioche, à coups de cortisol et d’adrénaline, en vue de prendre sa place dans le monde. À cette étape, il est confronté à ce qui l’anime, du fond du cœur, et à la programmation codée dans les recoins de son cerveau, de ce qui devrait être « bon » pour lui. Il a le choix d’abdiquer, d’oublier ce qui le passionne, de se mouvoir dans cette eau, ou dans cette glue, c’est selon, ou encore d'accepter de voir apparaître un tsunami de contradictions qui rendra le paysage de sa vie semblable à un blizzard. Dès lors, l’humain qui veut s’affranchir des diktats de sa tribu doit s’armer de courage et de détermination.

C’est en imaginant subir les douanes américaines avec un œuf Kinder dans mon sac à main que j’ai eu cette réflexion. Vous connaissez cette friandise, que les enfants raffolent, intégrée dans une petite boîte en carton promettant la découverte d’un trésor, qui, de surcroît, est en faux chocolat (qui ne contient que du sucre) et cache dans sa vie intérieure une bébelle qui amuse quelques minutes, comprenant les chicanes reliées à l’envie du bidule de l’autre. Cette chose s’autodétruit dans ce même laps de temps, et bloque l’aspirateur dans les jours qui suivent la fête. C’est du moins le souvenir que j'ai sauvegardé dans ma mémoire. J’ai donc le regret de vous annoncer que les États-Unis interdisent désormais l’importation de la Kinder surprise, puisque la loi interdit d’inclure quelque chose de non comestible dans un produit comestible, en plus des risques d’étouffement pour les enfants de moins de trois ans.
Opération majeure. On ne rigole pas avec le danger. Les douaniers américains ont saisi 25 000 œufs Kinder dans les bagages de touristes et d’Américains qui rentrent fièrement à la maison, en 2000 interventions différentes. Ainsi, les enfants américains sont protégés de l’œuf Kinder. Quant à ceux qui sont tués chaque jour par une arme à feu, légalisée par je ne sais quel amendement, on souhaiterait croire que c’est de la science-fiction. Mais non, c’est tout simplement le paradoxe de l’humain.
Merci au journaliste Patrick Lagacé pour son article de mardi 18 janvier.

Ce matin, ma préférence se tourne vers les romans policiers plutôt que vers l’actualité. Et j'ose mettre à l'index les inconhérences de ma tribu. Sous aucun prétexte, m'y associer. Dire adieu.

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