vendredi 23 décembre 2011

Les cloches sonnent

Un matin blanc, de la même tonalité que les teints blafards de décembre. Cette neige, tant attendue, est déposée sur nos terres, tel un cadeau. Des sourires de fête collés de sucre à la crème sont arborés dans la maison. Puisque mes biscuits, mes tourtières, mes petits pots de beurre de caramel salé, ma dinde bio et mon ketchup de canneberges sont amarrés pour le réveillon, c’est avec la gorge enflammée et le regard béat devant mon sapin éclairé que je prends un thé bilan 2011. J’aime faire ce rituel le Premier de l'an, mais j’acclimate doucement cette transition.


J’ai déposé ma liste de souhaits pour 2012, même si je la peaufine et la triture encore chaque jour florissant en incidents.

Quoi qu’il advienne, s’accrocher: la vie nous propose des événements qui parfois nous déroutent. Je souhaite être en mesure de me tenir debout, en pleine conscience du moment présent, avec toute la gratitude possible.

• Faire l’éloge de la gentillesse et de la bonté : ce siècle de performance nous a fait perdre nos repères de réussite. Puissions-nous contacter ce fil ténu*.

• Tout comme Miss Potter, je rêve que chacun puisse prendre sa place dans le monde, à sa manière;

• Et avoir un toit, s’asseoir autour d’une table et manger à sa faim.

• Que notre langue française demeure notre fierté, notre culture et notre force, qu’on la préserve de l’incongruité des décideurs.

• Que nous soyons conscients et respectueux de nos richesses, sans les dilapider et les abimer : nos enfants, nos animaux, nos terres, nos ressources naturelles.

• Qu’on s’indigne devant les aberrations, qu’on apprenne à dire « ça suffit »!

• Qu’on en finisse avec la hausse des frais de scolarité : je rêve d’un pays où l’accès universel aux études est ancré dans un système qui croit que l’éducation est le pilier du développement. Avec le taux d’analphabétisme qui sévit, se rappeler que Lire est le propre de l’homme ( L’École des loisirs, France) et qu’il est inadmissible que cet état de fait colore ENCORE de rouge nos statistiques, au XXI e siècle.

Côté orageux :

J’ai perdu cette foi et ce fébrile engouement des années 76 où l’on carburait pour un pays meilleur, dans un espace où tout semblait possible, où la conscience et l’union s’abreuvaient à la soif de vivre. Nous étions 6 millions et on se parlait en français. Nous tintinnabulons les 8 millions, pour 2012, avec un avenir au gaz de schiste, aux armes à feu, à la répression, à notre retrait de Kyoto, aux frais de scolarité qui rendront les études inaccessibles, aux coupes budgétaires des secteurs d’aide communautaire, à une propagande de peur vêtue de parures royales. Jamais je n’aurais cru avoir honte d’arborer mon passeport de citoyenne canadienne. Vincent Marissal a raison (La Presse, 21 décembre) : M. Harper, il est moche votre Canada

Côté ensoleillé :

« Il y a quelque chose de délicieux dans le fait d’écrire les premiers mots d’une histoire. On ne sait jamais où ces mots vont nous mener. Les miens m’ont conduit jusqu’ici. » Béatrix Potter

Écrire ce blogue en votre compagnie a été une pure magie. Mes Billets de saison ont été le printemps d’une nouvelle vie et je tiens à vous remercier du fond du cœur d’être les témoins de cette histoire qui me mènera je ne sais où. Vous êtes les premiers mots d’un conte qui se déploie.

Et les contes, c’est important, dit Fred Pellerin, c’est comme une fente de brillance

Je vous souhaite le meilleur, tout plein.

On se revoit bientôt.

* « Réussir, c’est bien sûr aller au bout de soi-même et tant mieux si l’on vous écoute et tant pis si les badauds passent leur chemin sans trop vous apercevoir. Échouer, c’est renoncer, cesser de lutter et prendre la place qu’on vous propose, docilement (…).Mais le vrai succès, c’est rencontrer des alliés, des complices, des ennemis, des juges, on se situe, on existe vraiment, on compte pour vrai! Je connais des tas de gens qui ont réussi et qui n’ont pourtant pas leurs noms en lettres d’or ou leurs photos bien léchées dans les magazines et n’apparaissant jamais à la télévision. Ils ont réussi parce qu’ils cherchent encore, entourés de confiance, encerclés de dangers, vivants, rayonnants, et forcément modestes, puisqu’ils ne comprennent pas davantage l’admiration que leur témoignent certains, que le mépris dans lequel d’autres les tiennent. (…) Seul l’acharnement triomphe, avec le temps. » Robert Lalonde


Marcel Gagnon

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