mardi 30 août 2011

Une bibliothèque intacte

Ma programmation à moi – projets personnels, familiaux, professionnels —, c’est lors de la rentrée scolaire qu’elle se dessine. J’ai été façonnée depuis toujours aux soubresauts de septembre. Écolière, étudiante, enseignante, conseillère pédagogique engrangée dans les dates de tombées pour les projets d’éveil à la lecture et à l’écriture (MELS), à travers trois fournées de sacs d’école remplis à ras bord d’effets scolaires de mes enfants, ayant coché des centaines d’articles hétéroclites des interminables listes de chaque institution. La rentrée scolaire est inscrite ad vitam æternam dans mon biorythme cellulaire.


C’est le jour J. Le réveil brutal a arraché du sommeil mon ado du secondaire. Phase mollusque oblige, il ressemblait à un épouvantail tentant de résister à une tempête. On aurait cru qu’Irène avait laissé des traces dans sa chambre, fouillant de façon archéologique à la recherche du sac à dos et de l’horaire d’autobus. Et il n’avait aucun appétit. S’il y a une chose que je ne supporte pas, les déjeuners esquivés sont en tête de liste. J’ai réussi à rester zen, alors que les années antérieures, j’oscillais entre la panique, les sermons, le découragement, les menaces de redressement, et le déluge de larmes. En fonction de mon cycle hormonal.

Le seul « objet » demeuré intact et rangé, dans sa chambre, c’est sa bibliothèque. Résistant à toutes mes propositions de lecture, malgré mes présentations dynamiques – quoiqu’insistantes —, aucun bouquin ne s’est ouvert sur sa vie estivale. Pathétique. Mes fantasmes de mère parfaite qui parvient à modeler ses chérubins selon l’idéal rêvé lorsque bébé se nourrissait à travers le cordon, au son de Mozart, ont fondu dans la piscine. J’ai tout de même contrôlé mes pulsions (lancer un livre par la tête, débrancher les ordis, le priver de sortie, d’amis, de croustilles, l’obliger à s’entraîner pour un marathon, etc.), et privilégié de plonger moi-même dans une boulimie de lecture. À défaut d’être trop agitée pour méditer (SOS Matthieu Ricard), je prends le sentier de la marche : Éloge de la marche, David Le Breton (Métailié); Petite philosophie du marcheur, Christophe Lamoure (Milan); Le bonheur en marchant, Yves Paccalet (JC Lattès).


La question demeure. Comment développer le goût de la lecture, et pourquoi, m’avait-il demandé lorsqu’il avait sept ans? Ça, c’est une longue et périlleuse histoire. Après des années de batailles stériles, nous avons décidé de surfer avec les passions plutôt que d’aller à contre-courant. Il est inscrit dans un programme informatique, branché sur ses intérêts, et excelle avec le sourire. De quoi apprendre à focaliser sur les priorités.

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