Les
mots me résistent. Ils négocient, ils me traquent, se faufilent lorsque vient
le moment de libeller le verbe. Je n’ai pas le contrôle, et c’est là tout le
désarroi. Tant d’années à m’élever et à faire des arabesques pour les
rejoindre, à m’illusionner sur l’aventure d’écrire.
Je
suis inopérante à capter tous ces extraits de vie de personnages qui n’en font
qu’à leur tête, qui préfèrent aller au jardin ou à la bibliothèque en vélo plutôt
que de se nicher à ma table de travail. Pourtant, ils sont omniprésents. Toujours. On appelle
ça du 24/7, je crois.
J’aménage
un contexte, prends un virage, enfourche de nouvelles intentions, résous des
conflits internes, cherche le paisley dans le fil de ma trame littéraire. Rien n’y fait, je n’ai pas le contrôle.
Je
décide de confectionner un pain, de ranger la maisonnée, de récolter le fruit
des arbres qui a inondé la cour. J'ouvre la fenêtre, hume le lilas, cherche dans le dico la définition d'illumination, tente de discerner les chants d'oiseaux, et, pourquoi pas, une brassée de lessive.
En
choisissant le blanc, je réalise que dans les faits, je n’étais pas à l’écoute.
J’architecturais le programme, je jumelais les ingrédients, j'apposais des
dates de tombées. Mais je n’accordais aucune souplesse pour arborer tout un
éventail de virtualités. Je persévérais à enrôler mes personnages dans un cadre
établi. Et ce n’est pas là qu’ils souhaitent grandir. Ils sont déterminés à
planter un drapeau dans une contrée qui m’est inconnue.
Alors
j’abandonne un peu de lest, fais un test sur du zeste de confiance. Je les aime
après tout, ils me collent à la peau depuis des lustres. Si je suis responsable
de les avoir mis au monde, je me devrais bien de leur procurer un milieu qui facilite
l’expansion.
Pourquoi
pas un gyokuro, avec ça? Mon marchand
de thé a toute une vie dans ses récipients magiques.
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