mercredi 4 août 2010

L'ouvrage du bonheur

Quelques jours ont suffit pour laisser émerger la douceur âcre de l'absence. Chacun détenait l’envie d’explorer d’inconnues contrées, une façon d’arborer une nouvelle prestance d’âme en rentrant au bercail.


Ma fille, contre toute attente, a fait du silence son allié. Elle a pénétré dans le monde mystérieux et isolé du choix monastique, grappillant découverte après découverte sur sa vie intérieure, ses projets, ses intentions. Flavie et Camille ont profité de l’effet d’être coqueluches de la villa des dames de l’abbaye, étant donné leur jeunesse et l’originalité de la chose, pour oser se confronter aux doutes viscéraux de leur seize ans, et écrire jusqu’à l’étincelle lumineuse d’une réponse. Elles ont poussé l’audace jusqu’à prendre rendez-vous et discuter avec un moine âgé de quatre-vingt-trois ans, détenant soixante-deux ans de vie monastique.
Ma fille est revenue avec ce quelque chose de plus tranquille. Avouons que deux journées sans être branchée sur son iPod, son ordinateur, le centre d’achats, les publicités, il y a de quoi s’apaiser. Elle a frénétiquement rangé sa chambre, ses tiroirs, retiré la télévision de son nouvel antre, déserté son lien Facebook, nettoyé son lit. Elle a enfourché son vélo pour foncer dans la forêt en décidant de miser sur la forme et la santé. Elle s’est ennuyée des repas de notre maison, pariant de s’enticher des mets vitaminés offerts quotidiennement. Ciel!

Mes fils, quant à eux, sont revenus enchantés et puants le poisson immangeable, des carpes remises au lac.Tout de même, un réveil à l’aube à quatre degrés Celsius, ça saisit! Ils ont adoré leur escapade, la beauté de la nature, ont promis de refaire l’expérience. Énormément apprécié la douche au retour. Je ne connais pas la teneur de leur conversation, mais William a étrangement utilisé la machine à laver sans crainte d’explosion, a rangé son bagage, changé son lit, et m’a sautée dans les bras lors de mon arrivée. Avouons que c’est touchant!

J’aime désormais la pêche.

Quant à ma retraite créative, ça ressemble au portrait d’un amalgame de moments délicieux, escortés de liberté, d’entraide, d’intimité, de partage, et d’expression. Des espressos, du bon vin, des repas cinq étoiles, des échanges profonds aux fous rires, tout respirait le divin. L'extraodinaire dans la simplicité. Le processus créateur, telle une danse sacrée au féminin. J’ai rattrapé une routine énergisante, digne d’un rituel, allant de l’écriture de mon journal, d’un temps de méditation, de lecture, de marche, de collage et dessin, et huile essentielle de haute vibration. Des gestes percutants, centrés, puissants, mais qui exigent de l’énergie et le sens des priorités. À l’aube, me voyant « sniffer » mon huile, journal et crayons en main, écouteurs sur la tête, j’ai déclaré que finalement, c’est tout de même de l’ouvrage le bonheur!

C’est lors de ces éclats de rire que nous avons emmagasiné du bonheur, promis de répéter l’expérience, et nous nous sommes quittées avec déjà la nostalgie en poche, nous serrant tendrement dans les bras. J’ai eu une douce pensée pour ceux et celles qui choisissent de se retirer du monde, une forme de vie contemplative, persuadée plus que jamais qu’elle est une bénédiction pour la planète.

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