jeudi 13 octobre 2011

Les bienveillantes

J’ai refait le plein de beauté.

C’était pourtant sous un air de saxophone exprimant la tristesse d’un départ. Une famille réunie pour soutenir les endeuillés, avec une connivence et une authenticité vibrante de couleurs d’automne.

Mes tantes et ma mère ressemblent à des sextuplés de cœur : belles comme le soleil, énergiques comme le vent, vives comme le fleuve au printemps. Malgré l’arrière-saison de leur vie, nous, qui demeurons leurs enfants à perpet, avons quelquefois de la difficulté à suivre la cadence. Le temps essaie de faire son œuvre, mais elles sont les chefs. À chaque rencontre – il faudra transcender cette habitude des funérailles —, c’est comme si on revenait d’un pique-nique. Et les souvenirs déferlent. Et les bontés s’agrippent dans cette famille tissée serrée.

Elles sont de la race des « grandes dames », des bienveillantes de notre planète. Sans elles, l’histoire serait sans saveurs et sans odeurs. Elles sont partisanes de leur tribu, et gardiennes éternelles du phare, envers et contre tout. Notre pays est cimenté de femmes comme elles, qui ont rarement pris le large. La liberté revêt un tout autre sens, à leurs côtés.

Que je cuisine un cassoulet de légumes au cari ou une truite moutardée au lait de coco, la fragrance me murmure qu’on n’a rien inventé. Elles ont ratissé le chemin et nous ont aiguillonnées les papilles jusqu’à satiété. Je ne sais comment elles ont maintenu leur souffle, mais je préserve consciencieusement cette volupté d’amour qu’elles ont soigneusement sauvegardée.
Merci, les filles d’Albini et de Blanche!


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