vendredi 9 septembre 2011

Où étais-je le 11 septembre 2001?

Je venais d’aller reconduire les enfants à l’école. À pied. Dans l’allégresse. Pour une fois depuis plusieurs années, je n’étais pas branchée sur les 220 volts, girouettant entre les multitâches attribuées à ladite conciliation travail-famille. Je jubilais devant ma décision de prendre une année de congé – professionnel — pour vivre au rythme décent d’une maisonnée d’enfants inscrits en première et deuxième année du primaire, et l’aîné en première secondaire. Ces années transitoires me paraissaient cruciales, et afin d’éviter l’hystérie, je serais présente pour les repas, les devoirs, les réunions de parents, les bêtes, les courses et tout le tralala.

Devant cette plage ignorée de temps libre, j’avais rendez-vous avec une amie sur une terrasse de la rue Bernard. Je découvrais que je pouvais être zen et que la maternité avait la robe légère. Le soleil brillait de nos conversations – non hachées — et je jubilais avec mon café au lait et chausson aux pommes. Soudainement, les passants se sont mis à jacasser de plus en plus fort, s’adressant aux inconnus pour exprimer leur fébrilité. L'intensité était palpable. C’est ainsi que j’ai appris qu’un avion venait de fendre une tour du World Trade Center, coup terroriste orchestré contre les États-Unis. Ça semblait complètement irréaliste, au point où j’ai partagé la réflexion à ma copine qu’il devait s’agir du phénomène du téléphone arabe (sans jeu de mots).

C’est en revenant en voiture, dans ma zone du 450, que j’ai saisi l’inconcevable. Les nouvelles décrivaient, avec la panique dans la voix, les événements qui resteront gravés dans notre mémoire collective. Des images en boucle, sur toutes les chaînes de télévision, telle de la science-fiction d’un jeu vidéo, nous ont percutés, et ce, des mois durant. La sécurité abolie en quelques minutes. Les invincibles n’étaient plus. 
De là est né, je crois, le crescendo vers le cocooning, le dedans, le nid, l’importance de rentrer chez soi ¬quand on en a un— , avec une immense gratitude, bien sûr.

ADMIRÉ :
Life in photographs, de Linda McCartney (Taschen), 2011. La muse, celle qui a abandonné sa carrière de photographe, épuisée des critiques, pour poursuivre son art avec les siens. Elle a préféré être témoin du quotidien. Des photos sublimes, extraordinaires. Ces pellicules semblent ne pas choisir d’immortaliser, mais bien de vibrer à ce qui est là, à ce qui est en train de se vivre. Paul, les enfants, au bain comme à la ferme, en délectant un verre de vin comme en éclatant de rire. Pas de mises en scène. La vie telle qu’elle se croque.

Ça me donne envie de revoir les films Une saveur de passion, (version du livre Chocolat amer, Laura Esquivel) et Le festin de Babette, histoire de savourer ce qu’il reste de nous…

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