lundi 19 septembre 2011

Des baskets et des citrouilles

Je me suis endormie dès que la porte de la maisonnée s’est refermée, une fois le carrosse de Cendrillon et ses maîtres revenus au refuge. La flanelle de la maternité m’invitait depuis un bon moment à sombrer dans les bras de Morphée, mais je préfère mes ouailles rentrées au bercail avant de m’abandonner à tous rêves.

Habituellement, ce mouvement de retour est associé à un branle-bas de combat dans la cuisine. Ils ont faim, toujours, peu importe l’heure du jour ou de la nuit. En fait, dès qu’ils sont éveillés, et Dieu sait à quel point les heures d’éveil sont au palmarès, la porte du frigo s’ouvre et se ferme. Mais ce soir-là, étrangement, ils ont déserté le lieu de la boustifaille. J’ai cru qu’une vague de sagesse en vue d’un équilibre -vie diurne et nocturne- avait frôlé leur appétit.

C’est au petit matin que j’ai été surprise. Dans l’entrée, allant chercher mon journal, les yeux embrouillés, j'ai trébuché sur des objets non identifiés. J’ai constaté le nombre de baskets. La quantité surpassait la somme de pieds de mes enfants. La famille s’était peuplée d’amis, les cartons vides de pizza en faisant foi. D’où le silence de plomb la veille, puisque je tente désespérément d’interdire les orgies de bouffe dans leur bunker.


Ou bien je laissais la moutarde me monter au nez — et il était trop tôt, je préfère le beurre d’amande —, le second choix étant de profiter d’un toit truffé de camaraderie festive. Quel était le problème? Désordre, douches décuplées et lessives en cascade, frittata géante à préparer au lever des corps. Ce n’est rien de catastrophique, en réalité. Il paraît même que c’est de cela qu’on s’ennuie lorsqu’ils quittent la maison. Aussi bien en jouir.

Cette animation m’a donné l’idée de rendre grâce. De savourer la récolte. Une immense tablée pour l’Action de grâce, avec amis et famille de tout acabit. En l’espace de quelques secondes, la perspective s’est métamorphosée avec des images de citrouilles, de courges, de dinde rôtie, de coupes qui tintent de rouge. C’est devenu grisant.

Récolte, oeuvre de Denise Lefebvre
Tout ça à cause des baskets! J’ai repris un dernier thé en fouillant dans mes livres de recettes et commencé l’organisation.

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