mardi 5 juillet 2011

Une courge spaghetti bien garnie

Lorsque nos repères sont égarés de l’environnement familier, par exemple en découvrant un autre coin de pays, la meilleure façon de s’approprier le nouveau lieu, c’est de manger. Là, ou là-bas, dans n’importe quel boui-boui, ou encore en partageant un repas chez nos hôtes, que ce soit nous ou eux qui s’immiscent dans la cuisine, tel un acte d'amour.

Je suis venue m’installer pour la semaine à la campagne de mon amie Édith, à St-Irénée, dans Charlevoix. C’est la première journée d’été, ici. Le soleil a gagné le cœur des os grelottants jusqu’à ce jour. L’addiction de vitamine D, pour un grand bonheur, répètent le voisinage. Le plan de mon débarquement se titre « Un refuge pour écrire », loin des tâches domestiques et des distractions familiales, en sous-titre. La maison a pignon sur rue à deux pas du Domaine Forget où les camps musicaux prennent d’assaut le campus, entre deux concerts. Une invitation trop alléchante pour refuser.

Une fois déposée dans ce décor bucolique, tous les prétextes font la garde, à queue-leu-leu, pour m’éloigner de mes carnets, sauf les mouches noires qui surgissent en traîtres.


Je fais quelques pas, me rassois. J’infuse du thé, me rassois. Découvre de nouveaux CD de musique classique : J.S. Bach, six suites pour violoncelle, de Helen Callus; Mozart, The Chilingirian quartet, avec Yuko Inque; Jardins d’Espagne, piano avec Lyne Fortin. Dehors, mon appareil photo double-clique en ajustant sa lentille devant tant de beautés. Maintenant, je feuillette Brunetti passe à table, de Donna Leon (calmann-lévy); Un privilège à votre table, meilleur livre de femme chef du monde, de Diane Tremblay (Québec Amérique); et finalement, La cuisine des écrivains, de Mathias Énard (éditions inculte) m’extirpe du peu de discipline qu’il me reste. Il s’agit de variations sur le thème de la passion alimentaire et de ses pouvoirs.
Me pourléchant les babines, je me lance prématurément dans la préparation du dîner.

Ingrédients :

Courge spaghetti
Échalote, ail
1 tasse de lentilles vertes
Herbe aromatique fraîche (persil ou coriandre)
3 ou 4 Carottes taillées en julienne
Huile d’olive
Mini roquette (ou autre laitue)
Fleur de sel, poivre moulu, pincée de curcuma

Action!

• Coupez en deux, sur le sens de la longueur, la courge spaghetti. Étalez-les sur une plaque de cuisson préalablement recouverte de papier parchemin, pelure sur le dessus.

• Cuire dans un four préchauffé à 350 degrés pendant une quarantaine de minutes.

• Pendant ce temps, déposez les lentilles vertes dans environ trois tasses d’eau, avec un peu d’ail et du sel, de quoi rendre jalouse la Mer Morte, et cuire dans l’eau bouillante une trentaine de minutes. Jetez l’eau de cuisson, et reprendre la cuisson avec de la nouvelle eau, pendant environ quinze minutes, jusqu’à tendreté. Égouttez. Réservez.

• Faites sauter les carottes dans l’huile d’olive, avec la coriandre fraîche et l’échalote française hachées. Ajoutez sel, poivre et curcuma. Pour terminer la cuisson des légumes, additionnez d’un peu d’eau (ou de thé vert) jusqu’à ce qu’ils soient tendres, mais encore croquants.( Si vous ne pouvez digérer les crudités, cuire la mini roquette avec les carottes.)

• Déposez les courges dans un plat de service, et remplissez-les de votre mélange de lentilles, ensuite des légumes. Fleur de sel, poivre moulu, un filet d’huile d’olive à votre goût.

• Garnir les assiettes de mini roquette avant d'y joindre votre courge bien garnie.

Tous ces effluves m’octroient la permission d’aller marcher sur la grève. Le repas du midi embaume l’espace et la marée est basse. Tous les ingrédients sont amalgamés pour me dégourdir et amuser Maïa, la chienne, qui réclame son moment de jeu. Si mon hôtesse arrive à l’improviste, le silence et l’odorat l’accueilleront.

Mes carnets m’attendront sur la table.

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