Je
décancère un peu
Il
y a les nuits cortisonées, du jour 1 au jour 5 du traitement médical. Je
compose avec les éléments biochimiques qui pétillent dans mes veines et produisent
chez moi un survoltage quasi spectaculaire. Les nuits sont blanches. Blanches
nuits. L’œil de la nuit est vif, pétillant et échafaude des plans aux idées
sauterelles. Jusqu’au lever du jour. Ensuite, puisque la luminescence bat son
plein et que les zoiseaux nous
ensorcellent de cet air estival, le sommeil semble désorienté de reprendre ses
droits, malaxé qu’il a été par cette « fausse » énergie moléculaire.
Il
y a aussi l’après cortisone. Cette
impression qu’on vient brusquement de changer de paysage, de pays, de planète.
La fausse énergie n’est plus. Le corps réclame à grands cris du repos, mais ne
sait plus trop comment faire. Il faut donc se réadapter et se laisser déposer
sur la lenteur, la bienveillance, accepter cette dépression atmosphérique.
Parce qu’il s’agit de guérison. Et que les facteurs les plus influents se nomment
repos, amour et bonheur.
Et
qui d’autre que soi-même pour d’abord se l’offrir? Ouvrir la porte du cœur aux
attentions, à l’écoute des signes et à la gratitude. Que de bienfaits lors
d’une pêche aux mini bonheurs! Les pivoines qui éclatent, les sourires, une
parfaite journée d’été où l’on peut lire sur une chaise de détente, un plat de
légumes vifs et colorés cuits doucement à la vapeur, un courriel d’une amie qui
fait chaud au cœur, une musique qui nous
élève…
Et
tout ça, accessible et illimité.
Mes alliées cette
semaine :
Recevoir
les résultats de la biopsie et du premier traitement: pas de cellules
cancéreuses dans la moelle osseuse et « fonte » des ganglions, de
sorte qu’on pourra peut-être diminuer le nombre de traitements de chimio;
Mon
amie Mona qui m’invite à me reposer chez elle, près du lac, et qui fait chaque
matin son checkpoint au sujet de mon état. Quelle bonté!;
Lire,
sous mon arbre magique, Une autre idée du bonheur, de Marc Lévy
; un road trip qui se déguste comme un rosé bien frais, la tête sous un chapeau
de paille et les orteils dans le gazon;
De
l’aide domestique de mon ange France;
Éclater
de rire aux propos de ma mère qui tente de me rassurer sur mon inquiétude
d’enfler du visage avec la prise de cortisone : « C’est pas grave, ma fille, t’as une belle
face!!! »;
La
série épistolaire de courriels de mon amie Marie-Paule. De quoi l’intégrer dans
mon journal;
Des
bouquets d’attentions et de cadeaux qui goûtent les fraises bios bien mûres :
des ustensiles en bois de Gi, des livres de Renée, de Mona, de Gi, des éclats
de rire en texto avec Lise, des sushis du chéri, revoir Isabelle, les soins de
bienveillance et guérison de l’équipe de pH Santé Beauté.
Choyée,
la fille. Mes amies, je vous rends grâce!
Je
me dépose sur le nectar de la vie comme le papillon sur sa fleur.
Photo: Dominique Girard, agente littéraire, Agence littéraire Trait d'union |
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