lundi 5 novembre 2012

Les soeurs Pro


Ce matin, j’ai le coeur en novembre. Les départs, ça fout le cafard. Ça ravive les souvenirs enfouis dans un coin de l’enfance. On a beau savoir que là-haut -on nous l’a promis- , c’est la paix ouatée, n'en demeure pas moins qu' ici-bas, c’est la charpie de cette absence qui égratigne si longtemps  tous les petits gestes inscrits dans l’histoire.

J’ai souvenir de planques de libellules, de fous rires, de courses autour de la piscine, de mignons gueuletons festifs, de tablées débridées de cousins et cousines sous le toit d'envolées d'outardes, et toi, tante Yo, plus zen que la zénitude, avant-gardiste que tu étais.

Les sœurs Pro, on le sait, sont des pros de la résilience. Une foulée de Nobel ignorées. 
Fortes de toutes les guerres qu’elles ont menées, surtout celles de l’amour. Des genoux qui  ne fléchissent que pour arracher les mauvaises herbes, mais se tendent sur-le-champ pour affronter les aléas de la vie. 

Artistes dans l’âme, elles ont tissé un paisley d’entraide et de bonté; se sont sculptées dans une charpente de bois prête à recevoir une grande tablée et nourrir une ribambelle; se sont filées avec la grâce de l’ouvrage aux petits points, de l’école de rang jusqu’à l’alinéa.

On les a surnommées éternelles.

Mais une des leurs a pris le chemin des étoiles.



Elles se retrouvent les ailes effilochées.

On les connaît, les sœurs Pro, elles vont attraper des bouts de ficelles et se reconstruire. Elles vont rafistoler des souvenirs et lui chanter des chansons. Elles s’appliqueront à raccommoder leur histoire pour ne pas oublier. Et toujours, continuer à avancer. En levant un verre à la lueur de son éclat, quitte à y laisser une trace salée, dans le coin d’une page familiale.

Merci, tante Yo.




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