Ce matin, j’ai le coeur en
novembre. Les départs, ça fout le cafard. Ça ravive les souvenirs enfouis dans
un coin de l’enfance. On a beau savoir que là-haut -on nous l’a promis- , c’est la
paix ouatée, n'en demeure pas moins qu' ici-bas, c’est la charpie de cette absence qui égratigne si
longtemps tous les petits gestes
inscrits dans l’histoire.
J’ai souvenir de planques de
libellules, de fous rires, de courses autour de la piscine, de mignons gueuletons
festifs, de tablées débridées de cousins et cousines sous le toit d'envolées d'outardes, et toi, tante Yo, plus
zen que la zénitude, avant-gardiste que tu étais.
Les sœurs Pro, on le sait, sont
des pros de la résilience. Une foulée de Nobel ignorées.
Fortes de toutes les
guerres qu’elles ont menées, surtout celles de l’amour. Des genoux qui ne fléchissent que pour arracher les mauvaises
herbes, mais se tendent sur-le-champ pour affronter les aléas de la vie.
Artistes dans l’âme,
elles ont tissé un paisley
d’entraide et de bonté; se sont sculptées dans une
charpente de bois prête à recevoir une grande tablée et nourrir une ribambelle; se sont filées avec la grâce de l’ouvrage aux petits points, de l’école de rang jusqu’à
l’alinéa.
On les a surnommées éternelles.
Mais une des leurs a pris le chemin des étoiles.
Elles se
retrouvent les ailes effilochées.
On les connaît, les sœurs Pro, elles
vont attraper des bouts de ficelles et se reconstruire. Elles vont rafistoler des
souvenirs et lui chanter des chansons. Elles s’appliqueront à raccommoder leur
histoire pour ne pas oublier. Et toujours, continuer à avancer. En levant un
verre à la lueur de son éclat, quitte à y laisser une trace salée, dans le coin
d’une page familiale.
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