jeudi 20 décembre 2012

La fin de quelque chose


 Il reste quelques heures avant ce qu’on appelle la fin du monde.

Je voudrais au moins avoir le temps de nous souhaiter ce qu’il y a de meilleur pour notre prochaine destination, notre prochaine vie. Celle où l’on sera conscients de l’essentiel, conséquents au regard de nos choix, en mesure de vivre avec les conséquences et s’adapter aux changements. Parole, parole, parole.

Je suis toujours aussi estomaquée de l’abime entre l’intention et le geste affranchi. Tant de choses s’inscrivent sur les listes de « to do », ces tâches élastiques qui se substituent et s’adjoignent lorsqu’une d’entre elles vient d’être accomplie. Est-ce le temps qui me manque cruellement où le phénomène robotisant des pressions sociales qui m’effleure de trop près?

Par exemple. Je suis persuadée que, l’important, pour la fête de Noël, est de se « trouver » ensemble, partager, s’amuser, rire, jouer, se caresser la panse et le cœur avec un repas festif. Malgré ces valeurs profondes et enracinées depuis si longtemps, je me retrouve malgré tout au cœur des entourloupettes d’achats, plus fébrile d’un moment à l’autre, souhaitant dénicher des bonheurs enrubannées pour mes amours. Et plus je me dis que c’est pathétique, plus les circuits se détraquent dans mon cerveau, pourchassant une place de stationnement comme si je débarquais à Ste-Justine avec un enfant malade.

Et là, en entendant pour la millième fois Happy Xmas, de John Lennon, je pense à vous. Rentre chez moi, allume un feu de cheminée. Infuse un thé vert japonais sencha. Effleure avec douceur mes livres de contes que je n’ai pas encore pris le temps d’apprécier (Au pied du sapin et Contes de Noël). Fixe le livre de Christian Bobin, L’épuisement. Ma respiration reprend ses droits. La chatte ronronne à mes côtés, l’air satisfait de me reconquérir.

Depuis quelques temps, je n’ai pas eu assez de temps pour m’affranchir avec les mots, pour m’élever en lecture, pour aider certaines gens qui ont tant besoin. Je souhaite, du plus profond de mon âme, qu’au prochain arrêt, je débarque. Je ralentirai. Je prioriserai. Je sentirai le poids de mes pas sur le sol, les parfums des flocons de neige et de mes gâteaux aux fruits confits.

Je  m’engage à garder le cap sur l’essentiel. Pourtant, je le sais, la vie est si courte.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire