vendredi 13 janvier 2012

Petits papiers enlacés


J’ai réussi à orchestrer les notoires petits papiers dispersés, enfouis, recroquevillés, mais tous porteurs d’idées, de mots gênés, inspirés et têtus, de personnages en quête d’identité. J’ai aussi regroupé mes Billets de saison sous une figure dite manuscrite, qui me font la pluie, la neige, le beau temps et les grands yeux, ET totalisent tout de même quatre cents pages. Mais pour créer des Billets gourmands, il faudra élaguer, hacher, tondre, épousseter, raturer, peaufiner, turlupiner, vermiller et cuisiner.


En voyant cette liasse sur ma table de travail, je réalise le « concept » du petit pas, DU mot, DU paragraphe, du rêve codé dans les synapses, qui, jour après jour, se sont amalgamés pour prendre forme. J’ai amorcé ce blogue il y a deux ans, après une éprouvante saga de santé, ou j’étais persuadée que je transigerais désormais au passé composé ou à l’imparfait. Ma vie résonnait en italique. Mais la minuscule flamme — jadis volcanique —, celle qui a vacillé quelques années, a préservé le feu. Cette braise est restée vacante et attendait qu'on l'attise.

Afin de me protéger des feux ardents ancestraux, j’utilise l’eau comme balise, histoire d’éviter l'excédent d’élans dévastateurs, (énergiquement parlant). C’est un beau compromis, car une enfance vécue au bord du fleuve fait en sorte que cet élément demeurera toute ma vie une façon de sauvegarder mon disque dur.

Alors je dépose ma liasse pour une petite semaine et m’envole avec ma fille au pays des sept bleus et des fous rires. Une pause de girls, avec un bagage rempli de livres, de placotes, de découvertes avec lesquelles on pourra se badigeonner dans les moments plus gris. On laisse les bas dodus aux gars qui garderont le phare dans la poudreuse, pendant que nos orteils s'élargiront dans notre horizon.


On pourra dédouaner, dans ma valise,  L’art presque perdu de ne rien faire, de Dany Laferrière (Boréal), Guyana, d’Élise Turcotte (Leméac), Lettres à un jeune poète, Rilke (Gallimard), Se résoudre aux adieux, Philippe Besson (Julliard) et Feux, de Marguerite Yourcenar (Gallimard). 

1 commentaire:

  1. Bon voyage! Je vous prêterais bien mes orteils pour que vous les ameniez avec vous au soleil, mais j'en ai trop besoin ici pour courir après la marmaille... Profitez-en, et bonne lecture!

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