Les
événements du printemps ont fait gicler toutes les nuances de rouge inscrit
dans mon cœur de mère et de citoyenne. La gamme d’émotions a fusé et craché son
intensité, à travers le souffle et le sommeil.
Rouge capucine, pour
la fierté devant cette jeunesse mobilisée, articulée, vindicative, intelligente
et vibrante d’avenir, cette même jeunesse qu’on a qualifiée d’apathique, désabusée
et non engagée. Je leur lève un chapeau de persévérance devant le mur de silence
et de mépris qu’ils subissent.
Rouge sangria, pour
la permission d’être assis à une terrasse sous les 28 degrés de mars, et ce, en
même temps que les adultes qui les dénoncent.
Rouge pomme, pour
la fraîcheur de notre relève, pour les 200 000 jeunes qui ont marché
pacifiquement dans les rues de Montréal, avec des milliers de slogans brillants
et créatifs, ceux-là mêmes qui ont généré et proposé des solutions, sans fin de
recevoir. Ce sont les miens, les vôtres,
les nôtres.
Rouge anglais, vestige
quasi éternel de l’oppression qui caractérise l’abus de pouvoir à l’égard des
enfants, des femmes et des étudiant.e.s.
Rouge carmin, pour
ceux qui ont focalisé leur opinion sur les gestes de dérapage, sans avoir le
discernement de saisir qu’il s’agissait de groupes distincts qui n’ont rien à
voir avec la masse étudiante.
Rouge pourpre, pour
les petits hommes qui souffrent du syndrome de Tim Hortons. Ils ne lisent aucune analyse politique, aucun
éditorial, aucune étude économique, mais déambulent avec leur pension en s’encrassant
de moult refill de café non
équitable, régurgitent sur tout et sur n’importe qui, trônent comme des rois et
maîtres sur ce qu’ils prétendent « leur territoire », sans poser le
moindre geste pour améliorer notre sort.
Rouge vermillon, pour
tous les journalistes, économistes et artistes qui ont analysé de fond en
comble toutes les facettes de la situation, ont dénoncé le mutisme de notre
gouvernement, ont consacré temps et énergie pour énoncer de possibles
dénouements, pour le bien collectif. Merci deux cent mille fois.
Rouge cramoisi devant
les forces policières dopées au Red Bull
qui ont traité tous les étudiants avec une brutalité — voire violence — qui aurait
dû être canalisée pour « contenir » le groupe de casseurs
professionnels. Le chef du service de la Ville de Montréal, Marc Parent, a tout de même admis — l’aveu est déjà
un pas, sans matraque — que ce n’est pas la masse étudiante qui est responsable des dérapages,
mais bien ces groupes organisés qui n’attendent que les occasions sociales. De toute
façon, sans écho après dix semaines à manifester dans la rue, comment la grogne
aurait-elle pu ne pas grimper.
Rouge écrevisse, en face d'un gouvernement qui a perdu le Nord et qui
fonctionne à reculons. « Dans le monde
entier, à cause de la surpêche et/ou de la pollution et dégradation des berges,
(…) les écrevisses sont en voie de régression. » Wikipédia
Écarlate de gêne devant un premier
ministre méprisant de son électorat et de ses dirigeants d’avenir. Son
laxisme pendant une situation de crise et son obsession d’ouvrir des chantiers
sans se soucier des effets à long terme me rend rouge cramoisi.
Rouge brique pour la casse. Ça s’explique,
mais ne devrait pas être un moyen, dans le meilleur des mondes. Ces
groupuscules font subir le même traitement qu’ils ont reçu. À nous de prendre
soin de nos enfants et de nous rappeler que la répression conduit à la révolte.
Avis à tous les parents.
Rouge coquelicot, pour les discussions en
cours. Pour l’espoir d’un aménagement qui permettra à chacun de nos enfants de
devenir la meilleure version d’eux-mêmes. Laissons tomber cette idéologie
archaïque que nous avons tant à leur apprendre. Dans les faits, si nous accomplissons
correctement notre travail de parent, l’élève devrait dépasser le maître.
Mes
enfants, je vous aime du plus profond de mon être. Puissiez-vous arborer des
joues rouge corail en émergeant de
cette expérience et foncer tête haute devant les bouchées doubles à venir.
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