samedi 20 février 2016

Mon Ali, mes amis, mon ennui

Je suis revenue depuis deux semaines, mais il semble que ce matin, je le réalise. D'aplomb.

C'est tellement blanc ici, une illusion de paradis ouaté (quoique le mien serait coloré d'un amalgame de bleu pétant et de vert allegro). Comme là-bas.

J'avais tout de même prévu l'atterrissage en cata, le syndrome du Retour, le tsunami domestique, donc je m'étais assurée de préserver, dans un espace reclus de mon cerveau, des images évocatrices et une routine d'écriture construite là-bas à coups de solitude, de rêves nocturnes et éveillés, de flashs venus de nulle part (ou de l'invisible), de rencontres hasardeuses qui n'en sont pas, bref, tous ces états confondus en présence de mes témoins privilégiés. Qui d'autres qu'eux, avec des yeux en accent circonflexe, oseraient s'offusquer: Gloria a fait ça ??? Noooon...

J'ai réussi le pari de quitter cinq semaines, seule, et d'y trouver mon rythme, mon silence; mon besoin de nature, celui de me délester de certains préjugés, de faire un plongeon dans mon imaginaire et de lire jusqu'à satiété.

Et là, ici, repue de mon petit déjeuner, de mon troisième thé vert japonais, je m'ennuie de mes amis. 

Je fabriquais un peu plus mon histoire de matin en matin. Ils étaient les complices de cette aventure. Mes personnages revenaient en douce, par tranches d'anecdotes, d'événements, de rencontres, d'expressions. Jamais comme il y a deux ans, avant la Chose, où Georgia, Magella et Gloria me soufflaient à l'oreille un pan de leur histoire de vie. Je crois que les quatre filles du Dr. Lemieux m'ont carrément fait savoir qu'il était temps de les mettre en scène. Que c'était à mon tour de faire le boulot. C'est ainsi que L'Anse-aux-Chênes s'est animé sur la pointe des pieds, sur des bouts de papiers, des cahiers, avec des encres de choix, en synergie avec le compost de mes ébauches.



Mais pourquoi, quand je reviens ici, je suis aux prises avec la peur du ridicule? Une trouille bleue, comme la mer de St-Pete. La vastitude et la liberté.



Alors je zappe et retourne là-bas : mes marches dans le Boyd's National Park, où j'ai rencontré Eugène. Où je me suis avancée le plus près de lui, avec la naïveté d'une urbaine en quête d'un souvenir mémorable. Jusqu'à ce que j'apprenne que les Eugène de ce monde courent vite, même s'ils semblent ... dormir!

Eugène, je l'ai appelé
Me branche aussi sur la magie qui a opéré dans un envoûtant boui-boui où j'ai cru reconnaître l'énergie de Justine, mon personnage, qui m'a servi le meilleur Chardonnay qui soit. Soirée mémorable. Mes amis, je vous adore!

Chattaway
Pourtant, ici ou là, je demeure la même, avec les enjeux et le pouvoir de créer.
Avec le risque. Et ce plaisir fou à patauger dans l'imaginaire et la création!
Que ce soit blanc, bleu ou vert.

Il ne reste qu'à gagner la bataille face à l'ogre du quotidien, face aux pressions sociales, face aux images surannées de success story.

Une vie authentique, quoi!

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