jeudi 17 novembre 2011

Laissez parler les petits papiers...

J’essaie de dresser un horaire d’écriture comme on dompte un cheval sauvage. Le mien est fougueux, appâté par les carottes, époumoné par les courses et tâches dites domestiques. Le tohu-bohu du quotidien, un sentier à clairsemer jusqu'à l'éternité.

J’ai tout plein de petits cahiers, rouge, bourgogne à carreaux, des tablettes à feuilles jaunes, des fugaces papiers insérés ici et là dans ces reliures, des « post-it » plaqués partout. Aussi, un calepin à spirale qui me suit. J’y consigne des mots, des idées, des livres à lire, des rendez-vous. Des phrases qui s’acharnent dans mon cerveau jusqu’à le marteler. C’est la raison pour laquelle j’ai abdiqué et commencé à noter, plutôt que de jouer au conquistador avec cette vie parallèle – qui finit par bousculer, quand même. Mes personnages sont éparpillés comme une famille disloquée voulant se composer sous le même toit. Magella et Gloria, par exemple, ont des pans d’histoire dans tous les livrets.

Me retrouve donc écartelée entre ce beau monde, qui carillonne pour posséder chair et âme. Ils rechignent et dandinent dans mon espace jusqu’à la nuit, surtout la nuit. J’ai alors décidé de consacrer plusieurs jours à fouiner dans tous ces petits papiers et c’est l’évidence, il y a embouteillage de vies éparses et désarticulées chuchotant fiévreusement le manque de « scène ».



J’étale le tout, et agrège le matériel. Chaque personnage aura son cahier – quel plaisir de se perdre dans une papeterie—, et je me cramponnerai sur chacun d’eux, leur histoire, leur secret, leur envie, sur chaque bouffée de vie qui toquera à mes oreilles. Je vais remuer chaque lambeau et l’élever jusqu’à son lieu identitaire.

Ruminerai.
Apprendrai le phénomène de la fermentation.
Abriterai mes créatures avec une doudou lorsque j'entendrai : "Qu'est-ce qu'on mange?"

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