vendredi 25 novembre 2011

Des anges et des microbes

Hier soir, j’ai assisté au spectacle de Florence K, Havana Angels, au théâtre du Vieux-Terrebonne (TVT). De la magie pure. Anges et archanges étaient conviés. De la volupté, de la sensualité, une connivence avec ses musiciens exceptionnels, un brin d’humour, festif comme Noël, délicat et raffiné comme une pièce montée. L’immense sapin de Sherbrooke s’est illuminé jusqu’à la rivière des Mille-Îles. Gorgeous!


Je n’aurais pu imaginer qu’à travers cet enchantement, des virus avaient aussi leurs tickets.

Je me suis réveillée avec chaque parcelle de mon corps endolorie, le dessous des pieds jusqu’au cerveau, comme si un camion de dix tonnes avait roulé sur moi dans une rue de Montréal. Je me suis écroulée dans la grippe comme dans un cratère de Montréal, sans avertissements, sans affiches cohérentes, sournoises comme les indications pour détaler de l’aéroport Pierre-Eliot Trudeau.

Les touches sur le clavier font un boucan d’enfer. Ma salive tente de suivre son cours, mais on jurerait qu’un boa constrictor a fait son nid. Je suis prisonnière d'un igloo. Mes jambes ont escaladé le Kilimandjaro. Tout pour rappeler que nous sommes mortels. J’ai sorti l’arsenal des huiles essentielles, la première pour me frictionner (ravinstara) et l'autre pour inhaler (lavande). J'ai ingurgité deux litres d’eau et de thé vert, ingéré des capsules d’ail. Me suis bordée dans mon pyjama de flanelle à pois roses et mes chaussettes dodues. Enfouie dans mon lit. Me concocterai, ce midi, un bouillon qui fera la chasse aux microbes. (Trancher 3-4 oignons et les déposer dans un chaudron avec au moins un litre d’eau; faites mijoter à feu doux pendant une heure. Filtrer et boire à petites gorgées ce puissant nectar).

Et je dormirai, dormirai, dormirai…sur les ailes d'un ange.

mercredi 23 novembre 2011

Tout de blanc vêtu

Au réveil, j’ai eu l’impression de débarquer d’une autre planète. Opaque blancheur, faisant un pied de nez au verdoyant gazon qui trônait jusqu’à hier. Je viens à peine de ranger ma garde-robe estivale, et me retrouve envahie par les bacs d’accessoires ayant comme mission de conjuguer ce paysage poudreux. Qu’on nous prévienne ou pas, c’est toujours le branle-bas de combat lors du premier matin neigeux.


J’ai triché sur la politique musicale de la maison qui consiste à attendre le premier jour de décembre pour faire jouer notre sélection musicale de Noël, afin d’éviter la crise de nerfs le soir du réveillon, en overdose d’Ave Maria. Ce matin, donc, devant ce décor bucolique, j’ai craqué. Niché le CD de Frank Sinatra dans le lecteur .



Je sais. Il fera 10 degrés dans les prochains jours, mais l’ambiance festive me gagne. Et si je n’allais pas à l’aéroport repêcher des amies, je testerais une recette de biscuits « sur mon heure de dîner »… J’ai déjà sélectionné certaines expérimentations à confectionner avec les propositions de Ricardo, de Josée di Stasio et de Stefano.
Mes billets pour les spectacles de Florence K. (Havana Angels), le 24 novembre, et Susie Arioli (Christmas dreaming), le 14 décembre, sont placardés sur le frigo. En prime, ceux pour le concert de Noël du Lyric Theater Singers, pour le 4 décembre à la salle Tudor de La Maison Ogilvy.

J’ai aussi ajouté une touche victorienne à mon élan festif. Souhaité et reçu  « Contes de Noël » (Seuil). Je m’autorise à plonger goulument dans Maupassant et Dickens à partir de décembre. Des filaments de magie nous étreindront, car je songe à faire la lecture à la tribu, histoire de « cocooner » nos cœurs d’enfants.


Je jubile. En attendant de prendre la route.

jeudi 17 novembre 2011

Laissez parler les petits papiers...

J’essaie de dresser un horaire d’écriture comme on dompte un cheval sauvage. Le mien est fougueux, appâté par les carottes, époumoné par les courses et tâches dites domestiques. Le tohu-bohu du quotidien, un sentier à clairsemer jusqu'à l'éternité.

J’ai tout plein de petits cahiers, rouge, bourgogne à carreaux, des tablettes à feuilles jaunes, des fugaces papiers insérés ici et là dans ces reliures, des « post-it » plaqués partout. Aussi, un calepin à spirale qui me suit. J’y consigne des mots, des idées, des livres à lire, des rendez-vous. Des phrases qui s’acharnent dans mon cerveau jusqu’à le marteler. C’est la raison pour laquelle j’ai abdiqué et commencé à noter, plutôt que de jouer au conquistador avec cette vie parallèle – qui finit par bousculer, quand même. Mes personnages sont éparpillés comme une famille disloquée voulant se composer sous le même toit. Magella et Gloria, par exemple, ont des pans d’histoire dans tous les livrets.

Me retrouve donc écartelée entre ce beau monde, qui carillonne pour posséder chair et âme. Ils rechignent et dandinent dans mon espace jusqu’à la nuit, surtout la nuit. J’ai alors décidé de consacrer plusieurs jours à fouiner dans tous ces petits papiers et c’est l’évidence, il y a embouteillage de vies éparses et désarticulées chuchotant fiévreusement le manque de « scène ».



J’étale le tout, et agrège le matériel. Chaque personnage aura son cahier – quel plaisir de se perdre dans une papeterie—, et je me cramponnerai sur chacun d’eux, leur histoire, leur secret, leur envie, sur chaque bouffée de vie qui toquera à mes oreilles. Je vais remuer chaque lambeau et l’élever jusqu’à son lieu identitaire.

Ruminerai.
Apprendrai le phénomène de la fermentation.
Abriterai mes créatures avec une doudou lorsque j'entendrai : "Qu'est-ce qu'on mange?"

lundi 14 novembre 2011

Les réseaux sociaux, version hilarante

Sourire, et rire, de surcroît, c’est bon pour la santé. Les hormones se configurent différemment, l’aspect théâtral du quotidien prend un visage plus harmonieux, le niveau de stress diminue. Plus encore, c’est un antidouleur qui a fait ses preuves. Éclater de rire pendant une bouffée de ménopause permettrait de réorganiser le thermostat et d’harmoniser les fonctions fébriles du système digestif.


Si vous n'avez pas encore médité, marché, ou gymmé, aujourd’hui, et que la culpabilité vous envahit, il reste toujours la possibilité de rire. Coudoyez des personnes comiques, visionnez des films, des vidéos, les choix sont multiples, selon notre signe ou notre personnalité. L’important serait de permettre à notre cerveau d’éprouver ce plaisir afin qu’il produise les hormones du bonheur – sérotonine et dopamine — ce qui fortifie notre système immunitaire.

Voici une pratique pour de dérouillage. Car, malheureusement, il faut réapprendre à rire, cette coutume ayant été perdue dans les états de compte, les bouchons de circulation et les courriels.

Version hilarante de nos nouvelles habitudes sociales :


vendredi 11 novembre 2011

Le 11-11-11 et sept milliards d'occasions de partager

J’imagine que les économistes auront une certaine frousse à 11 h 11 ce matin. Pour d’autres, ce sera un signe que les humains sont devenus capables de transformation et que l’aube d’une ère nouvelle a sonné le glas. Des militants crieront à l’injustice, à l’iniquité et à l’exploitation pendant qu’ils se feront évincer des places publiques, car c'est trop dérangeant pour nos politiques. Quant à ceux qui détiennent le pouvoir — quelques richissimes qui contrôlent les rouages financiers de la planète, et qui, grâce à notre système capitaliste bien rodé, s’enrichissent de plus en plus —, ce sera peut-être une opportunité de plus pour tirer sur les ficelles du profit.


Pour moi, toutes les occasions de réfléchir et d’enrichir mon âme et mon cœur sont louables. Des chiffres, des dates, des journées, ou encore des saisons, je capture à la volée ces moments pour améliorer une version de moi-même. Je méditerai, donc, et serai aux aguets des gestes à porter sur le parvis de mon quotidien qui n’éclate pas sur la place publique, mais qui a son esplanade. Je cuisinerai une pizza de courges et serai remplie de gratitude : avoir un toit, un repas, de l’eau, c’est loin d’être le cas pour la majorité des 7 milliards d’individus. J'ai donc préparé mon coussin de méditation et enfilé mes petites bottes rouges.


Et j’écouterai en boucle cette chanson qui corrobore le fait que l’art, la musique en particulier, tout autour du globe, nous rassemble et nous élève. Des musiciens du monde qui s'unissent : à Barcelone, j'ai craqué d'espoir.

Et si nos artistes étaient un fil d’Ariane vers un espace de paix et de partage?



United | Playing For Change from Playing For Change on Vimeo.

jeudi 10 novembre 2011

Voler de la beauté à l'ordinaire

Avec des bouts d’heures volées, on arrive à achever un projet, qu’il soit d’écriture ou d’une autre souche. La régularité, la patience et l’endurance sont des atouts à ne pas omettre, clame Frédérique Martin, écrivaine et rédactrice du blogue enviedecrire.com. Elle rappelle que nous avons le choix de geindre et nous bloquer ou de s’accommoder du réel et avancer. La vie porte toujours son lot de dommages collatéraux, donc le courage et la persévérance sont des outils précieux. Elle a consacré huit années à l’écriture, « avec des heures volées » en y insérant une semaine annuelle de retraite solitaire, avant d’être publiée.


Ce matin, ma fille est en grève pour manifester contre la hausse des frais de scolarité des études supérieures. En fait, elle n’a pas cours, mais ne se mouille pas sous la pluie en brandissant des pancartes et en s’égosillant avec des slogans. Elle est enfouie dans les bras de Morphée et s’en extirpera pour s’inscrire à une session d’entraînement de boxe (!?!). Les gènes du militantisme se sont fixés chez ses parents. Quant à mon fils, la grève du transport scolaire est réglée. La vie « normale » du quotidien est de retour. Check!
Patience. Persévérance. Endurance.

Acquiescer aux aléas de l’aventure — et non pas abdiquer —, en fabriquant un espace perso et unique apparaît un gage d’avancement. Chaque récit de personne qui a transcendé les turpitudes de l’existence est source d’inspiration. À « consommer » plus souvent. Les médias nous bombardent d’élucubrations sociales, mais plusieurs gens ont ouvert le champ des possibles et poursuivent discrètement leur route. Il faudrait provoquer ces rencontres et s’élever avec elles. Tout comme la règle d’épurer un texte pour un maximum d’élégance, on pourrait explorer la journée en focalisant la grâce, en volant de la beauté à l’ordinaire.

La grâce, version musicale. Frissons garantis.


mardi 8 novembre 2011

Une odeur de citrouille et d'automne

Je ne me rappelle pas, de toute ma vie, avoir ouvert les fenêtres pendant le mois de novembre et d’en humer son épice festive. À moins que ce soit le mariage des odeurs de feuilles sur le sol humide et du pain à la citrouille sortant du four. Tel Obélix tombé dans la potion magique lorsqu’il était enfant, je suis conquise au charme des courges et des citrouilles. Le livre de Louise Gagnon est un bijou à ce sujet.

Je suis allée chez Citron que c’est bon, une composition banlieusarde entre le marché public et l’épicerie. À l’extérieur, des chariots remplis à craquer de toutes les courges d’hiver faisaient la parade. Pendant que ma fille écoutait à plein volume et en rafale « Someone like you », d’Adèle, j’ai choisi les couleurs et les formes aussi pétillantes les unes que les autres, jusqu’à ce que le panier soit dodu. Si je raffole des photos en noir et blanc, c’est la version multicolore qui me passionne pour les légumes.

Une fois les cucurbitacées en lice pour le gala des recettes, j’ai exploré plusieurs versions pour honorer leur prestance. Il n’y a pas de limite à leurs talents, c’est à l'agent « découpeur » que l’on doit la remise du prix. Bons outils, bonnes stratégies, et un Chéri ou une Chérie aux gros bras lorsque ça se corse.

On coupe la citrouille en deux, chair contre la plaque à biscuits, dans un four préalablement chauffé à 350 degrés, et ce, pour environ 45 minutes. Une fois refroidie, la chair se détache très facilement et se conserve quelques jours au réfrigérateur. Ne pas oublier de la déposer pendant une heure dans un tamis ou égouttoir afin d’extraire le surplus de liquide.


Pain à la citrouille sans gluten*

Ingrédients :

¾ t. de farine de sorgho
¾ t. de farine de haricots
¼ t. de fécule de tapioca
½ c. thé de stévia en poudre
1 ½ c. thé de gomme de xanthane
2 c. thé de levure chimique ou instantanée
2 c. thé de bicarbonate de soude
½ c. thé de sel
1 c. thé de gingembre moulu
½ c. thé de muscade moulue
¼ c. thé de clous de girofle moulus
½ t. de noix de Grenoble
1/3 t. graines de citrouille
1 t de purée de citrouille
1 c. thé de vinaigre de cidre
1/3 t. d’huile végétale
1/3 t. de sirop d’érable ou d’agave
2 œufs


Action!

1. Dans un bol, mélangez tous les ingrédients secs.
2. Dans un autre bol, ou dans le récipient du batteur sur socle (ou un mélangeur électrique), mélangez tous les ingrédients liquides jusqu’à ce que le tout soit lié.
3. Versez la préparation à la citrouille avec les ingrédients secs et remuez jusqu’à ce que l’ensemble soit lié.
4. Déposez la pâte dans un moule à pain et laissez reposer 30 minutes à l’abri des courants d’air.
5. Faire cuire dans un four préchauffé à 350 degrés pendant environ 70 minutes ou jusqu’à ce qu’un cure-dent introduit dans le centre en ressorte sec.

*(Version adaptée de la recette de Donna Washburn, 125 recettes sans gluten, Modus Vivendi)



Faites-vous infuser un thé vert Gyokuro yamashiro. Vous commencerez à croire au miracle.

lundi 7 novembre 2011

En manque de « grandiosité »

Le lundi s’est installé dans nos vies pour se ranger derrière la ligne de départ. Au son du coup de feu, on pulse dans nos rôles, nos tâches, nos fonctions, nos missions, passionnés ou pas.

Certaines célébrités laissent percevoir que leur mission éclate de sens, de valeur, de prouesse, voire de
« grandiosité ». Elles affichent un parcours nous submergeant d’admiration. En effet, elles déposeront des traces indéfectibles par leurs exploits, leurs découvertes et leurs œuvres, ou, encore, par des gestes remarquables.

Bien sûr, le génie a son prix. Il réclame l’exclusivité, l’intensité, l’excès, et oblige le renoncement aux farnientes, aux agendas troués, à la spontanéité des week-ends, et surtout, à une vie familiale digne de ce nom. Pourtant, lorsque surgit le moment des bilans, il est facile de sombrer dans l’auto-flagellation au regard de ce qu’on qualifie de réussite, ou non.

Les découvertes de tous acabits ont changé le cours de l’humanité : du fonctionnement du cerveau et de l’univers, de l’invention de la pénicilline à la création de la Joconde, des gestes de Gandhi et de Martin Luther King, de Mozart, Proust, Beauvoir et Jeanne-Mance. Les grands esprits ont permuté notre monde. Plusieurs ont risqué leurs existences, expérimentant dans les airs comme sous terre, y compris avec des reportages périlleux dans les zones minées de guerre.

Je m'interroge à savoir si, sur le parquet de fin de vie, ils respirent enfin ce sentiment d’accomplissement. D'un regard extérieur, nous serions portés à croire que les flashs de la renommée garantissent le sceau du devoir achevé, que la « grandiosité » cautionne cet état de grâce qu’on recherche un peu tout au long de notre vie.
Devant mon écran, aucune réponse ne s’inscrit. C’est un lundi gris, en manque d’un prix Goncourt ou d’un Nobel. Toutefois, je demeure persuadée que, lorsqu'on aime, les choses ont davantage de sens.( Paulo Coelho)

Ange de la renommée